Intervention de Laurence Rossignol

Réunion du 30 novembre 2020 à 14h30
Loi de finances pour 2021 — État b

Photo de Laurence RossignolLaurence Rossignol :

Je tiens à préciser que je n’ai aucunement l’intention de retirer des crédits sur le programme « Conduite et soutien des politiques sanitaires et sociales », mais si l’on veut discuter d’amendements, c’est ainsi qu’il faut procéder.

Le présent amendement vise à doubler les crédits du programme 137, « Égalité entre les hommes et les femmes », comprenant les dépenses liées aux violences faites aux femmes.

Tout le monde le sait, ce n’est un secret pour personne, et c’est une constante, nous ne nous donnons pas les moyens suffisants pour lutter efficacement contre les violences conjugales et les violences intrafamiliales.

À titre de comparaison, l’Espagne consacre 15 euros par habitant aux violences faites aux femmes, contre 5 pour la France !

Nous pourrions donc, dans une perspective pluriannuelle, nous fixer l’objectif de doubler les crédits pour les violences faites aux femmes. Au regard de cette perspective, qu’il me soit déjà permis de saluer le travail accompli depuis des années sur le programme 137 et cette mission par nos collègues Bocquet et Bazin.

Le Gouvernement prévoit cette année d’augmenter de 11 millions d’euros les crédits du programme 137. Cette somme sera cependant affectée à la prévention de la récidive des auteurs de violences. Or nous sommes un certain nombre à penser que la prise en charge de cette récidive, qui concerne donc des individus déjà condamnés, devrait être supportée par le budget de la justice plutôt que par celui qui est consacré aux femmes. Ces crédits non sont donc pas à la bonne place.

Cela étant dit, reste que l’augmentation n’est pas suffisante et n’est pas bien ciblée. Je pense en particulier aux associations, qui manquent terriblement de moyens. Ainsi, celles-ci évaluent à 8 % le taux de couverture de leurs besoins de fonctionnement par l’État.

Un exemple : dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), seuls les lits sont financés ; aussi, les associations se voient contraintes de suspendre les contrats de travail des éducateurs accompagnant les femmes accueillies dans ces centres. Il manque là le volet essentiel de l’accompagnement social d’une femme qui est venue dans ce type de centres avec ses enfants. Si les associations n’ont pas les moyens d’aider à la réinsertion sociale et à trouver du travail, comme c’est le cas aujourd’hui, la réinsertion échouera, au moins à 50 %.

Dans la perspective d’atteindre un jour les montants suffisants, cet amendement vise à doubler les crédits du programme 137.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion