Intervention de Christophe Beaux

Délégation aux entreprises — Réunion du 10 décembre 2020 à 9h00
Audition du mouvement des entreprises de france medef

Christophe Beaux, directeur général du Mouvement des entreprises de France :

Premièrement, les grandes entreprises ne sont pas plus illégitimes que les autres à obtenir des compensations des pouvoirs publics. Je comprends tout à fait que, sur le plan de l'image, cela puisse être choquant ; néanmoins, toutes choses égales par ailleurs, les pertes subies par les grandes entreprises sont les mêmes que celles subies par les petites. Autre point, concernant la question des dividendes, les organismes professionnels, du côté patronal, ont pris des initiatives ; le Medef et l'association française des entreprises privées (AFEP) ont émis une recommandation sur la modération des dividendes. Cela s'est traduit dans les faits, puisque les dividendes versés en 2020 sont en baisse de 40 % par rapport à ceux versés l'année dernière.

Quant à la question des licenciements, on ne peut pas tenir de discours général sur le sujet. Il faut regarder entreprise par entreprise. Le Medef est préoccupé par l'emploi et le niveau d'activité de notre pays, mais il ne m'appartient pas de commenter la stratégie de telle ou telle grande entreprise qui, à un moment donné, estime nécessaire de prendre une telle décision.

Concernant la question salariale, une grande partie de la reprise de l'activité dépend de la consommation, laquelle dépend du pouvoir d'achat. Le plan de relance devait marcher sur ses deux jambes : d'un côté, l'offre, avec des modalités de relance qui passent par la transformation des entreprises, dans l'idée de rendre notre économie plus agile, plus efficace ; de l'autre côté, le pouvoir d'achat, avec notamment le financement du chômage partiel, soit près de 30 milliards d'euros.

Par ailleurs, des études - notamment celle de la Banque de France - montrent que nos concitoyens ont épargné entre 80 et 100 milliards d'euros pendant la période de confinement. Bien sûr, cet argent n'est pas également réparti dans toute la population. Mais les pouvoirs publics doivent trouver les outils pour inciter les Français à utiliser ce bas de laine afin de contribuer à la relance de l'activité.

J'observe également que le Gouvernement a augmenté la prime de rentrée scolaire, ainsi que différents dispositifs de soutien aux ménages, dans des proportions assez importantes ; ce sont, à chaque fois, plusieurs milliards d'euros afin de soutenir le pouvoir d'achat.

Au sujet des salaires, il y a actuellement un débat sur la hausse du SMIC. Vous connaissez notre thèse générale : le pouvoir d'achat est nécessaire pour permettre la consommation et, en même temps, le coût du travail est l'un des principaux facteurs de notre compétitivité ; si l'on veut être compétitif à l'export et ne pas se laisser submerger par des importations à bas coûts, notre coût du travail, mais aussi de l'investissement et de l'énergie, doit être maîtrisé. Dans une période sans inflation, la maîtrise salariale est donc importante. Encore une fois, c'est à chaque entreprise de prendre ses décisions, en fonction du marché du travail, des compétences, des métiers en tension...

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