Intervention de Christophe Beaux

Délégation aux entreprises — Réunion du 10 décembre 2020 à 9h00
Audition du mouvement des entreprises de france medef

Christophe Beaux, directeur général du Mouvement des entreprises de France :

Monsieur Meurant, nous partageons en grande partie vos remarques sur les filières d'excellence et l'attractivité du pays. Plusieurs réponses sont néanmoins apportées par les pouvoirs publics et les entreprises. Ainsi des plans de soutien sont mis en place dans certains secteurs, comme l'aéronautique, au travers du plan de relance.

En ce qui concerne les industries pharmaceutiques, la prise de conscience collective a été forte lorsque l'on s'est aperçu que 90 % du paracétamol était fabriqué hors d'Europe, de même que la plupart des principes actifs de nos médicaments. Le Medef soutient toutes les initiatives pour aider aux relocalisations. Nous avons d'ailleurs mis en place, à l'initiative de Geoffroy Roux de Bézieux, un comité « Souveraineté et sécurité des entreprises », afin de réfléchir à ces questions. Il ne faut pas oublier, toutefois, que relocaliser les industries pharmaceutiques implique d'installer en France des usines chimiques et des installations classées. Il appartient au Parlement de trouver le bon équilibre entre l'exigence de souveraineté, l'idéal de relocalisation et les problématiques liées aux installations classées. On constate parfois une certaine schizophrénie en France à cet égard...

Le projet de loi de finances prévoit une baisse des impôts de production de 10 milliards chaque année. L'effort est important, certes, mais il faut aussi rappeler que l'écart avec l'Allemagne s'élève à 70 milliards : la différence de compétitivité reste donc considérable.

Monsieur Canévet, vous évoquez le paradoxe français, marqué par des difficultés de recrutement dans certains secteurs et du chômage dans d'autres. Ce problème est ancien, mais la crise l'a aggravé. Une réflexion est en cours entre le ministère du Travail et les partenaires sociaux sur les métiers en tension, pour développer la formation ou faciliter la mobilité géographique des salariés.

Les effets de seuils sont inévitables dès lors que les mesures publiques doivent être ciblées. On pourrait citer de nombreux exemples, outre celui des grossistes en boissons. Nous travaillons sur le sujet. Lorsque nous constatons des situations aberrantes dans certains secteurs ou lorsque des entreprises sont très fortement affectées mais se situent juste en dessous des seuils permettant d'obtenir des aides, nous intervenons pour essayer d'obtenir des amodiations, de modifier les curseurs ou en proposant au Gouvernement un dispositif équivalent.

Madame Chain-Larché, votre intervention est l'occasion pour moi de saluer le travail réalisé par le Sénat sur le projet de loi de finances. Le point d'équilibre que vous avez trouvé est bien meilleur que celui proposé par l'Assemblée nationale. J'espère que la commission mixte paritaire vous suivra.

Enfin, il est vrai que la situation des entreprises créées entre les deux périodes de confinement est particulière, dans la mesure où les mesures d'aides publiques sont souvent tributaires de l'évolution du chiffre d'affaires par rapport à l'an dernier. Cette difficulté a bien été identifiée par le ministère des Finances qui a admis que l'on puisse prendre en compte, pour certaines entreprises nouvellement créées, d'autres références que le chiffre d'affaires de l'année passée. Un mécanisme a été trouvé, mais je vous propose de vous apporter ultérieurement des réponses plus précises si vous le souhaitez.

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