Merci messieurs les rapporteurs de vos propos liminaires. Il est important d'avoir des points de convergence sur les sujets d'éducation, au-delà des groupes politiques. Les mesures de revalorisation à l'échelle annuelle ou pluriannuelle font aussi partie, à mon avis, des sujets susceptibles de remporter un consensus.
Vous m'avez interrogé sur la diminution des ETP dans le second degré. C'est une politique que nous assumons : la majorité des augmentations budgétaires se concentre sur le premier degré dans le cadre du rattrapage nécessaire. Le sujet pour la France n'est pas de créer des postes supplémentaires, mais de mieux affecter les moyens budgétaires dont nous disposons en termes d'ETP. La faible variation des ETP en valeur absolue au cours de ce quinquennat, parallèlement aux augmentations budgétaires en euros, va dans la bonne direction du point de vue du pouvoir d'achat des professeurs et du bon usage des deniers publics. En comparaison des autres pays de l'OCDE, nous avions un sous-investissement dans le premier degré, mais un investissement supérieur dans le second degré. Il est néanmoins exact que d'un point de vue démographique, la charge est plus lourde pour le second degré que pour le premier degré. La politique des heures supplémentaires permettra de maintenir un bon taux d'encadrement dans le second degré, tout en ayant à l'esprit que la vague démographique négative qui caractérise le premier degré va bientôt atteindre le second degré. Il en va de l'intérêt général de créer de la souplesse pour préparer l'avenir et mettre les nouveaux moyens au bon endroit.
En outre, avoir une politique du premier degré, c'est avoir une politique du second degré. Si vous êtes professeur de lettres en sixième, vous préférez enseigner à 24 élèves qui savent bien lire et écrire plutôt qu'à 22 élèves dont les savoirs fondamentaux sont peu ancrés. Il est important d'adopter une vision qualitative de la stratégie. Grâce aux HSA, nous avons pu préserver les taux d'encadrement au collège.
Par ailleurs, la réforme du lycée permet une meilleure gestion des moyens publics. La répartition dans les enseignements de spécialité est plus homogène. La réforme a permis plus de rationalité et le maintien des demi-groupes dans bon nombre de cas. Il est vrai qu'elle accentue l'autonomie des lycées. C'est un choix totalement assumé. L'équipe éducative doit pouvoir faire des choix pédagogiques à l'échelle de l'établissement. Le lycée reste la section de l'enseignement scolaire dans laquelle nous investissons le plus.
Nous avons débattu au moment de l'examen de la loi pour une école de la confiance de la formation des enseignants aux valeurs de la République. Les enjeux étaient aussi bien quantitatifs que qualitatifs. Nous souhaitions que tout futur professeur bénéficie d'une formation aux valeurs de la République. C'est désormais inscrit dans les textes. Notre conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République joue un rôle modal important pour définir le cadre de formation. Les normes sont décrites dans le vade-mecum « la laïcité à l'école ». Avec la secrétaire d'État, nous sommes très attentifs au développement de cette formation dans les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (Inspé). Nous sommes parfaitement conscients que le modèle républicain français est en jeu. Ce modèle, universaliste, repose sur le postulat de l'égalité des droits et n'opère aucune différence en raison du sexe, de la couleur de peau, de la religion ou de quelque autre critère. Nous assumons pleinement la nécessité de « rerépublicaniser » le système éducatif, de lui redonner son âme. Depuis la IIIe République, nous devons transmettre aux élèves non seulement des connaissances, mais aussi des valeurs. Contrairement à il y a une décennie, enseigner les valeurs de la République ainsi qu'une conception simple et ordinaire de la laïcité ne va plus de soi, sous l'effet d'une pente naturelle, mais aussi de coups de boutoir de certains secteurs. Nous assumons totalement cette politique de la laïcité, qui est aussi une politique de formation aux valeurs de la République. Nous nous donnons les moyens budgétaires pour ce faire, mais le sujet est moins d'ordre budgétaire que philosophique.