Intervention de Erik Orsenna

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 26 novembre 2020 à 8h30
Audition de M. Erik Orsenna de l'académie française

Erik Orsenna, membre de l'Académie française :

Le lieu où nous nous trouvons ne pourrait pas être plus approprié : il y a, dans cette ancienne fabrique de lustres de la rue Casimir Delavigne, à la fois de la lumière et du temps. Il y a quinze ans, j'ai donc décidé de quitter le Conseil d'État et de me consacrer à mon rêve de toujours : devenir reporter, d'abord en France, puis un peu partout. Pour mon premier livre, sur le coton, ce bien d'abord exotique puis symbole de l'industrialisation - puis de la désindustrialisation - du Nord de la France, je ne devais le soutien de mon éditeur qu'à notre amitié ; trois mois plus tard, et devant le succès remporté en librairie, j'avais carte blanche pour la suite. J'ai alors travaillé sur l'eau et sur le papier.

Il y a trois ans, alors que je m'installais dans le fauteuil de Pasteur sous la coupole de l'Académie française, ma formation littéraire et mon métier d'écrivain me valurent quelques taquineries amicales : « comment oses-tu ? ». Pour me rattraper, je fis une biographie de Pasteur, puis un livre sur les moustiques. J'y disais - et je maintiens - ma crainte d'une prochaine pandémie causée par la dengue ou quelque parasite dont le moustique serait le vecteur, pointant notamment la question des retenues d'eau à proximité des zones d'habitation ou d'élevage.

L'élevage est le sujet auquel je me suis attelé ensuite, au travers du personnage du cochon. Durant deux ans et demi, j'ai travaillé, notamment sur le sujet de la peste porcine. J'ai rencontré le préfet chargé de la barrière mise en place à la frontière belge pour éviter la propagation d'une maladie dont l'origine, selon toute vraisemblance, s'expliquait par l'importation d'animaux depuis les pays de l'Est, peu regardants sur les normes sanitaires, à moins que ce ne soit un sandwich abandonné sur une aire d'autoroute par un chauffeur routier. Les mécanismes de la crise actuelle sont déjà à l'oeuvre, et pourtant, le conseil scientifique mis en place par le Gouvernement ne compte pas un seul vétérinaire !

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