Oui, le mal-être de la profession d'avocat est fort. On le voit bien dans nos barreaux de province, où l'on n'a jamais vu autant de robes noires manifester, ou faire des sit-in devant les tribunaux. La dernière réforme des retraites a eu au moins le mérite de les fédérer entre eux : au lieu de se regarder en chiens de faïence, ils ont fait bloc. En province, beaucoup de femmes exercent cette profession. Elles ont notamment des responsabilités en tant que bâtonnières. Ce mal-être était lié principalement à la rémunération. Avec Mme Vérien, nous avons fait part au ministre, dans le rapport budgétaire, de notre inquiétude sur la budgétisation de seulement 27 millions d'euros supplémentaires en 2021 pour l'aide juridictionnelle.
Le mal-être résulte aussi d'une déconsidération de la part des magistrats. L'intégration des avocats dans la magistrature aide-t-elle à rompre ces difficultés ? J'ai bien compris que vous suggériez de réformer les modalités d'accès, notamment par un concours unique professionnel. Pensez-vous que cela permettra vraiment de mettre fin à une forme de méconnaissance entre ces deux professions judiciaires ? Chez les avocats, on sent qu'il n'y a pas vraiment de culture de la conciliation et de la médiation, notamment dans le domaine du droit du travail. C'est une question aussi, me semble-t-il, de rémunération des actes.