Intervention de Dominique Le Guludec

Commission des affaires sociales — Réunion du 16 décembre 2020 à 9h00
Audition de mmes dominique le guludec présidente et élisabeth bouvet présidente de la commission technique des vaccinations de la haute autorité de santé et marie-paule kieny virologue vaccinologiste et directrice de recherche à l'institut national de la santé et de la recherche médicale sur les vaccins contre la covid-19

Dominique Le Guludec, présidente de la HAS :

Je vous remercie de cette audition sur un sujet sensible. Il me paraît important de rappeler que, pour faire face à cette pandémie, les pouvoirs publics se sont appuyés d'une part sur les grandes agences sanitaires de droit commun et, d'autre part, sur des comités scientifiques ad hoc. Sollicitée au titre de ses missions d'évaluation des produits de santé et des stratégies de santé, la HAS a mis en place une gestion de crise dédiée et agile, qui devait répondre à des niveaux d'urgence inédits, mais qui a tout de même eu à coeur de s'adapter en temps réel à l'arrivée continue de données en constante évolution.

Cette gestion de crise s'est appuyée sur trois piliers : protéger, traiter et prévenir. « Protéger », essentiellement pour la campagne de tests ; « traiter », pour assurer une veille sur les médicaments sur leur évaluation dans le cadre d'un éventuel remboursement ; enfin, « prévenir » recouvrait la stratégie vaccinale, sujet qui nous concerne plus particulièrement aujourd'hui.

Nous avons tenté de fournir des recommandations de prise en charge, co-construites avec les professionnels de santé. Nous en fournissons environ une quarantaine actuellement, réactualisées en permanence et accessibles sur le site de la HAS, notamment sur la prise en charge des patients en période de confinement. Ces documents rencontrent un grand succès auprès des professionnels.

La stratégie vaccinale est au coeur des missions de la HAS et, plus particulièrement, des travaux de la commission technique des vaccinations, que préside Élisabeth Bouvet. Deux axes ont structuré jusqu'à présent son travail : la stratégie vaccinale proprement dite et sa mise en oeuvre organisationnelle. Il est fondamental de préciser que sa méthodologie a dû s'accommoder d'un contexte - inhabituel - d'anticipation sur les données.

Dans un avis publié le 28 juillet, en anticipation des données des vaccins, nous avons proposé une première priorisation des publics à vacciner dans l'hypothèse d'une restriction de doses. La logique de cette priorisation doit être claire et transparente. Considérant les deux volets de l'efficacité vaccinale - protéger les patients de la maladie et éviter la transmission - et l'état des connaissances, nous avons fondé nos recommandations en insistant sur la protection contre les formes sévères de la maladie. Ainsi, deux critères de priorisation ont émergé : la vulnérabilité des personnes, liée à leur âge et à l'association de comorbidités, et leur degré d'exposition lié au cadre de vie. Le cumul de ces deux critères nous a conduits à privilégier les personnes âgées hébergées en établissement d'hébergement des personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Le déploiement du vaccin se ferait ensuite en fonction d'une décroissance des vulnérabilités. Je rappelle que cette stratégie est, pour l'heure, toujours soumise à l'évolution des données disponibles. Aussi, ces premières recommandations sont « à grosse maille » et nous en publierons une nouvelle série dans la journée pour affiner les sous-populations qui seraient dans des catégories à risque particulièrement élevé. Je pense notamment aux personnes polyhandicapées hébergées dans des établissements collectifs, aux personnes dialysées ou aux personnes à déficit immunologique particulier. J'insiste sur le travail considérable que fournit la HAS afin d'intégrer au plus vite toutes les données disponibles pour affiner ces recommandations.

Sur l'organisation proprement dite de la campagne vaccinale, il me semble important de privilégier la souplesse et la proximité avec les patients. À ce titre, la place des médecins traitants, qui ont la confiance de leurs patients, doit être fondamentale, quand bien même le vaccin peut être dispensé par un personnel infirmier.

Nous avons enfin entamé une consultation publique très large, qui nous a permis de recueillir 87 réponses en tout, dont une vingtaine provient d'associations de patients. S'en dégagent deux groupes : un minoritaire défavorable au vaccin et un très majoritaire qui y a adhéré très fortement.

Nos résultats ne sont bien entendu que provisoires, et nous continuons nos travaux. Certaines impatiences existent, mais il faut garder à l'esprit la complexité du travail que nous menons.

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