Sur l'horizon auquel on peut espérer maîtriser l'épidémie, je suis dans l'incapacité totale de répondre. Je pense qu'il est important, dans cette crise, de savoir dire ce que l'on ne sait pas.
Concernant les aspects logistiques, nous ne savons pas exactement quand arriveront les différents vaccins en dehors des deux premiers, quand les doses pourront être délivrées et à quel rythme les différentes populations concernées pourront être vaccinées. Nous connaissons le schéma global mais il faudra l'ajuster en fonction d'aspects très concrets, tels que la délivrance de l'autorisation de mise sur le marché par l'Agence européenne du médicament (EMA) et la production des doses. Il existe un espoir de maîtriser l'épidémie si l'immunité conférée par les vaccins est suffisamment durable, ce que nous ne pouvons aujourd'hui affirmer faute de recul ; mais il est complexe de donner un horizon temporel précis.
L'adaptation par département est impossible, car un Ehpad non touché hier pourra l'être demain. Il s'agit toutefois d'une question intéressante qui soulève celle de la protection innée qu'ont certaines régions contre la covid. C'est un sujet sur lequel la HAS va se prononcer aujourd'hui. Sous réserve du vote du collège, nous ne considérerons pas à ce stade que les patients ayant été atteints d'une covid symptomatique documentée auront besoin d'une vaccination dans la mesure où notre ligne directrice est de protéger des formes sévères et des décès. En effet, nous ne constatons pas en France de vague de récidives importante - il y a douze cas rapportés, auxquels s'ajoutent sûrement des cas asymptomatiques que l'on ne voit pas. Cependant, il ne s'agit pas d'une contre-indication à la vaccination mais d'une non-indication à ce stade. Nous changerions bien entendu de raisonnement si le nombre de récidives augmentait en France ou à l'étranger.
Vous avez évoqué les cas de covid longs. Nous sommes prudents sur ces patients qui ont eu des symptômes prolongés : nous ne saurions plus, si nous les vaccinons, si leurs symptômes sont dus au vaccin ou à la maladie. Le cas échéant, est-ce que ces personnes auront besoin d'une seule, de deux doses de vaccin ? Il reste beaucoup d'inconnues. Sous réserve de l'avis définitif du collège, il n'y a pas de besoin pressant et ces personnes ne seront pas considérées comme prioritaires.
Sur les comités, l'évaluation de chaque vaccin et sa place dans la stratégie vaccinale, je laisserai répondre la présidente de la commission technique des vaccinations.