Madame la présidente, monsieur le ministre des outre-mer, mes chers collègues, je relaie la question de mon collègue et ami Gérard Poadja.
« J’ai mal à mon pays », indique l’intéressé, depuis qu’est évoquée la reprise de l’usine du Sud, qui enflamme la Nouvelle-Calédonie.
C’est la première fois depuis trente ans que les Calédoniens s’affrontent de manière aussi violente sur le terrain, avec des barrages sur lesquels certains participants sont armés.
Hier, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a indiqué qu’il poursuivrait « inlassablement le dialogue […] jusqu’à parvenir, avec l’ensemble des acteurs, à une solution négociée. »
Monsieur le ministre, les consensus ont été la règle dans le secteur du nickel ces trente dernières années : en 1988, lors des accords de Matignon, permettant aux Kanaks d’accéder à l’économie du nickel ; en 1998, avec l’accord de Nouméa, en décidant de la construction de l’usine du Nord et en organisant l’entrée des intérêts calédoniens au capital de la société Le Nickel et d’Eramet ; enfin, en 2008, lorsque l’usine du Sud a été acceptée par les populations locales.
Notre histoire nous a appris que le consensus ne se décrète pas : il se construit. Dès lors, limiter l’espace du dialogue à la seule offre soutenue par l’État, ce n’est pas construire un consensus.
Le risque est de répéter les événements des années 1980. Le risque est également la fermeture pure et simple de l’usine du Sud, qui mènerait au chômage près de 3 000 familles. Enfin, le risque est la rupture du dialogue politique entre indépendantistes et non-indépendantistes avant un troisième référendum, avec des conséquences difficiles à prévoir sur la paix civile.
Ma question est simple, monsieur le ministre : face à ces risques majeurs, le Gouvernement est-il prêt à ouvrir le champ du dialogue au-delà de l’offre actuelle, afin de construire un projet consensuel de reprise de l’usine du Sud ?