Intervention de Valdis Dombrovskis

Commission des affaires européennes — Réunion du 3 décembre 2020 à 11h00
Politique commerciale — Audition de M. Valdis Dombrovskis vice-président exécutif de la commission européenne en charge d'une économie au service des personnes commissaire européen au commerce

Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne en charge d'une économie au service des personnes, commissaire européen au Commerce :

S'agissant de la question des sanctions imposées par des pays tiers, nous en avons fait l'une de nos priorités. Différents groupes de travail mènent une réflexion, notamment sur le renforcement du rôle de l'OMC, sur l'euro comme monnaie de paiement et comme monnaie de réserve, ainsi que sur la structure des marchés de capitaux européens. Une communication plus large et actualisée sera présentée concernant cette résilience économique de l'Union européenne. Il est important de renforcer le rôle international de l'euro. Un euro fort bénéficiera à la fois à l'Union européenne et au marché international.

Nous travaillons également sur les sanctions extraterritoriales imposées par les États-Unis. Les résultats de nos travaux feront partie de cette communication. Nous cherchons de nouveaux instruments afin que les États-Unis ne puissent pas faire de leur monnaie une arme utilisée contre des pays tiers. Nous y accordons la plus grande attention.

S'agissant du plan de relance européen, qui est très important, il a été adopté pour faire face à la crise que nous traversons et vise à aider les États membres à agir en ce sens, notamment en leur donnant plus de flexibilité pour accéder aux fonds européens, pour débloquer des aides d'État pour soutenir les entreprises européennes, ou encore pour instaurer des dispositifs de chômage partiel. L'idée était de proposer un filet de sécurité aux États membres, grâce à un fonds de garantie de la Banque européenne d'investissement (BEI), pour soutenir les emplois. L'instrument Next Generation EU est un plan de relance extrêmement ambitieux, dont les fonds doivent pouvoir être débloqués extrêmement rapidement. C'est ce qui fera la différence.

S'agissant de notre partenariat avec l'Afrique, nous souhaitons renforcer notre engagement à l'égard de ce continent. C'est une priorité. Nous sommes disposés à travailler, non seulement sur le commerce et l'investissement, mais également sur des questions liées au changement climatique et aux transitions écologique et numérique. Nous avons communiqué en faveur d'un partenariat pérenne, relatif notamment à des investissements, des emplois et une meilleure intégration Europe-Afrique.

Concernant la Chine, notre objectif est de rééquilibrer notre relation économique avec ce pays. En effet, l'Union européenne est bien plus ouverte économiquement à la Chine que la Chine ne l'est à l'Europe. Dans nos négociations en vue d'un accord global sur les investissements, nous demandons qu'elle s'engage vers un rééquilibrage de nos relations, notamment pour nous laisser accéder davantage à son marché.

Le RCEP est un accord concernant un grand nombre de pays d'Asie, dont le PIB est très important. Notre volonté est donc de favoriser l'intégration régionale et multilatérale, afin que les entreprises européennes puissent accéder à ces marchés régionaux. Cette politique d'accords commerciaux doit être ambitieuse. C'est également elle qui nous donne la force de frappe pour pouvoir imposer nos normes. Actuellement, un certain nombre de domaines ne sont pas couverts ou ne le sont que partiellement. Nous devons cependant être réalistes : accéder à ces marchés régionaux dans de bonnes conditions va certainement demander des décennies de travail. Les accords actuels restent beaucoup trop en surface par rapport à nos ambitions.

S'agissant du modèle économique et social de la Chine, il est évident que nous pourrons mieux y résister si l'Union européenne s'allie aux États-Unis. Il faut que les subventions industrielles soient transparentes. Nous partageons vos préoccupations, il faut une approche multilatérale, contrairement à celle que les États-Unis ont fait prévaloir ces quatre dernières années en privilégiant l'approche unilatérale. Nous avons cependant bon espoir, avec l'administration Biden, de renouer avec un multilatéralisme qui nous permettra d'être plus forts par rapport à la Chine.

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