On ne découvre pas un traitement trop vite ! Avoir une recherche suffisamment efficace pour identifier dans des délais extrêmement courts des traitements et des vaccins pouvant sauver des vies est plutôt une chance pour la santé des populations.
En tant que neurologue, j’ai fait face à des maladies qui pouvaient être redoutables et pour lesquelles on manque de traitements. Quand ceux-ci arrivent, on ne demande pas si c’est trop tôt ! On se demande simplement si les études scientifiques attestent de son efficacité et de sa sûreté ; si tel est le cas, il protège des patients, ce qui est évidemment une chance.
Comme je le disais hier à l’Assemblée nationale, la science et la médecine sont des choses magnifiques ; nous devons les célébrer, non en avoir peur.
Je sais que c’est un combat, et je le dis en présence de Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. C’est un combat que vous devez mener avec nous, le combat pour la confiance dans la science et le progrès, ce qui va bien au-delà, il est vrai, de la question de la vaccination.
Je le disais, la connaissance et l’information sont des données absolument essentielles dans cette période. Nous nous appuyons sur les compétences du professeur d’immunologie Alain Fischer, qui est une personnalité éminente du monde de la médecine et qui travaille de manière indépendante. Il est notamment chargé de relayer les informations qui lui semblent importantes.
Je le répète, un check-up médical aura lieu avant la vaccination pour vérifier que la personne n’est pas malade ; il faudra notamment vérifier la présence ou l’absence de fièvre, l’un des symptômes. Une surveillance médicale aura lieu dans les jours qui suivent l’injection vaccinale, et une seconde dose sera administrée trois semaines plus tard.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, permettez-moi, pour conclure, de mettre l’accent sur notre méthode. Le mot « méthode » vient des mots grecs metá et odós, ce qui signifie, littéralement, « au-dessus du chemin ».
La première balise du schéma que nous allons suivre est celle de la mobilisation générale. C’est un défi, je l’ai dit, mais ce n’en est pas seulement un pour le Gouvernement ; c’est aussi un défi collectif, pour la Nation tout entière. C’est d’ailleurs le sens de ce débat devant la représentation nationale.
Pour surmonter ce défi, le Gouvernement n’entend pas travailler seul, et nous avons organisé des réunions hebdomadaires de suivi avec l’ensemble des parties prenantes.
Ainsi, je réunis toutes les semaines les représentants des professionnels de santé – les ordres, les syndicats, etc. –, au sein du comité des professions de santé. En effet, ce sont les soignants qui seront en première ligne, et nous leur faisons confiance ; de toute façon, jamais une campagne de vaccination n’a fonctionné dans notre pays sans que les soignants soient impliqués en première ligne. Et c’est en eux que les Français ont confiance.
Nous réunissons évidemment les représentants des fédérations hospitalières et des conférences de directeurs et de présidents des commissions médicales d’établissement. La semaine dernière, j’ai réuni en visioconférence, pendant plus d’une heure, près de vingt mille médecins, libéraux et hospitaliers, pour échanger à bâtons rompus sur la vaccination et ses enjeux.
Brigitte Bourguignon réunit très régulièrement l’ensemble des acteurs du monde médico-social. Organiser, pendant la période des fêtes, une consultation médicale et le recueil du consentement des résidents et tout mettre en place pour être prêt au moment où les vaccins arriveront dans les établissements constitue, pour eux aussi, un énorme défi.
Je vous le dis sans ambages, je ne crois pas que nous pourrons créer l’adhésion des Français sur la vaccination – vous savez combien nos concitoyens sont exigeants sur ce sujet – sans nous appuyer sur les communautés médicales, paramédicales et scientifiques.
Toutefois, je sais aussi que nous serions peu de chose sans les élus locaux. C’est pourquoi je réunis un comité des élus tous les quinze jours, pour partager toutes les informations et associer pleinement les collectivités au déploiement de notre stratégie.
Nous devons nous appuyer sur leur connaissance fine des territoires, sur les ressources dont ils disposent et sur la confiance et l’adhésion de la population envers eux. Les collectivités territoriales travaillent main dans la main avec les Agences régionales de santé et les préfectures ; elles ont un rôle essentiel à jouer dans la campagne de vaccination, dès la première étape, et plus encore pour les suivantes.
Il y a quelques jours, je réunissais les représentants de l’Association des maires de France, l’AMF, de l’Assemblée des départements de France, l’ADF, de Régions de France et de France urbaine. Je note d’ailleurs que nos relations sont au beau fixe, si je puis me permettre cette expression, et je remercie ces associations de leur communication positive à l’égard des consultations que nous avons mises en place.
Les collectivités disposent de nombreux moyens pour nous prêter main-forte dans cette campagne de vaccination, par exemple en mettant des ressources à notre disposition ou en nous permettant de toucher plus facilement des personnes isolées, que ce soit en ville ou à la campagne.
Vous le savez, les ressources médicales sont parfois rares, en particulier dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ou dans les territoires reculés. Qui d’autre que le maire, le centre communal d’action sociale ou les associations locales, aidées par l’expérience des canicules, pour identifier correctement l’ensemble des personnes âgées qui n’iraient pas d’elles-mêmes vers nous ? C’est la base même de notre démarche du « aller vers ».
En outre, lorsque nous vaccinerons la population générale, certains élus auront peut-être à cœur de mettre à la disposition des médecins, des infirmiers et des pharmaciens de petits locaux adaptés – personnellement, je ne crois pas aux immenses vaccinodromes… –, qui pourront devenir des centres de vaccination. Faire venir les personnes dans ces centres sera peut-être plus efficace et augmentera la confiance dans cette campagne. Vous l’aurez compris, la confiance est un élément très important !
Le Gouvernement a aussi saisi le Conseil économique, social et environnemental, le CESE, pour mettre en place un collectif de citoyens chargé d’émettre des observations et de formuler des recommandations sur la politique conduite.
Enfin, puisque j’ai parlé de mobilisation générale, je ne peux pas ne pas évoquer la coordination européenne qui a marqué ces dernières semaines.
Je le dis devant Clément Beaune, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé des affaires européennes : il ne ménage pas ses efforts, depuis des mois, pour obtenir cette cohésion européenne qui est si essentielle, que ce soit pour acheter des doses de vaccin – Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’industrie, a également beaucoup contribué à nos efforts en la matière – ou pour mettre en place ce programme opérationnel de vaccination.
Je dois le dire, l’Europe s’est montrée unie, soudée et ambitieuse pour préparer de manière efficace et à grande échelle cette campagne vaccinale historique. Avec mes homologues allemand, belge, espagnol, italien, luxembourgeois, néerlandais, mais également suisse, j’ai échangé avant-hier dans un esprit constructif et solidaire, et nous sommes convenus que, pour renforcer la confiance, et parce que cela fait sens, il fallait coordonner le lancement des campagnes de vaccination.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, nous sommes à l’aube d’un véritable changement de braquet dans notre lutte contre l’épidémie. Pour venir à bout de celle-ci, il faudra de la patience, de la transparence et de la confiance. C’est seulement à ce prix que l’espoir, enfin, sera permis.