Après l’information, le second défi est celui de la logistique. La première phase de vaccination, prévue à fin du mois, concerne les personnes âgées résidant dans des structures comme les Ehpad ou les USLD, les unités de soins de longue durée.
Pour ces personnes, la balance bénéfices-risques penche de manière indiscutable vers la vaccination, compte tenu de la fréquence et de la gravité de la maladie chez elles. Les vacciner, c’est les protéger. C’est aussi, en cas de recrudescence du virus, permettre aux hôpitaux d’accueillir tout le monde, en ayant protégé ceux qui étaient les plus vulnérables. Cette phase est donc un choix de raison, humainement et médicalement, mais il faudra très vite engager également la vaccination des personnes âgées à domicile.
Les choses ne sont pas simples pour autant. Le plan de déploiement de cette première phase sera une véritable course contre la montre : des vaccins conservés à –80 degrés Celsius ; 12 heures au plus de transport ; 5 à 6 jours de conservation une fois décongelés ; 5 heures pour l’administration une fois que les vaccins sont déconditionnés ; enfin, une seconde dose au bout de 21 jours.
Ce plan, qui n’a pas encore été communiqué dans les territoires, nécessitera pourtant d’être ajusté avec les acteurs locaux pour tenir compte des particularités locales. Je pense ici en particulier aux outre-mer. Les épisodes que nous avons vécus autour des masques et des tests ont bien montré les limites de l’hypercentralisation. J’insiste vraiment, monsieur le ministre : tirez les enseignements des mois passés !
Nous attendons donc que cette organisation s’appuie sur les relais de terrain pour avoir la réactivité et l’agilité nécessaires. En amont, l’identification géographique des structures et du nombre de personnes à vacciner, en lien avec le nombre de doses disponibles, est une partie délicate de la chaîne.
Intervient alors ce préalable essentiel qu’est le recueil du consentement éclairé des personnes. À ce sujet, l’orientation initiale était celle d’un consentement oral, auquel médecins et directeurs sont opposés : est-ce décidé ?
Concernant les personnes âgées ne pouvant émettre un consentement éclairé, tuteurs, curateurs, tiers de confiance et familles doivent être identifiés dès à présent : ce sont eux qui prendront la décision de vaccination et devront être convaincus.
Par ailleurs, les médecins lancent l’alerte sur leur responsabilité dans le cadre de cette campagne vaccinale : ils veulent se sentir juridiquement protégés, comme pour le H1N1. Un arrêté ministériel est ici nécessaire ; c’est vraiment un élément potentiellement bloquant !
Cruciale, parce que déterminante pour l’adhésion de la population générale, la réussite de cette première phase repose ainsi sur une logistique impeccable et complexe, que nous suivrons avec attention.
Pour conclure, monsieur le ministre, j’aimerais affirmer ici de manière claire et précise que nous accueillons avec espoir l’arrivée de la vaccination dans la stratégie globale de lutte contre la covid-19.
Cet accueil s’accompagne d’une extrême attention et d’une particulière vigilance. Nous ne pouvons pas rater le rendez-vous de la vaccination : ce serait regrettable pour la lutte contre cette épidémie comme pour l’ensemble de la vaccination, avancée majeure dans la lutte contre un grand nombre de maladies.
Pour réussir, il faudra amener nos concitoyens à un consentement libre et éclairé. Cela ne se décrète pas, cela ne s’impose pas, cela se construit.
Je souhaite rappeler ce qui fonde la réussite : d’une part, il faut mettre en place une stratégie d’information transparente, claire, accessible, actualisée, adaptée et non autoritaire ; d’autre part, il faut que le déploiement logistique et technique de cette vaccination dans les territoires soit agile, rigoureux et sécurisé.
Parce que le Sénat et le Parlement entier doivent être pleinement informés et remplir leur mission dans le cadre de la séparation des pouvoirs, la transparence exige que ce débat soit réitéré d’ici à l’été prochain.
Les vaccins sont une lueur dans une crise majeure. D’ici là, il faudra beaucoup d’écoute et de pédagogie pour maintenir la vigilance et l’adhésion aux mesures barrières et aux protocoles imposés, indispensables tant que le virus circule, ce qui est toujours le cas !
Nous sommes conscients de notre rôle ; vous pouvez donc compter sur le groupe Union Centriste pour accompagner la lutte contre l’épidémie de covid-19. Ce sera sans blanc-seing : nous vous alerterons, nous vous conseillerons, nous vous contrôlerons si nécessaire, et nous attendons en retour votre écoute attentive et le respect scrupuleux du rôle de chacun dans notre République.