Deuxièmement, afin d’assurer le succès de cette protection vaccinale, la définition d’une stratégie adaptée, de même que la qualité de la logistique sont essentielles. Le défi est immense, surtout du fait des contraintes particulières liées au vaccin Pfizer-BioNTech : stockage à –80 degrés Celsius, durée de transport maximale de douze heures, délais d’exécution de quatre jours et demi, etc.
Nos recommandations sont simples, et il est impératif que la première phase de la vaccination soit réussie pour favoriser l’adhésion de la population, ce qui suppose de ne pas se précipiter. Nous pensons aussi que les professionnels de santé qui le souhaitent et les personnes au contact de publics fragiles devront pouvoir être vaccinés rapidement, si ce n’est prioritairement.
Il conviendra surtout de s’appuyer, en confiance, sur les professionnels de santé de ville, en les informant largement de tous les aspects de la stratégie de vaccination et en prenant rapidement l’arrêté qui permettra l’intervention de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux, l’Oniam, afin que soit garantie l’indemnisation des incidents de vaccination qui pourraient survenir.
Il faudra aussi que le traçage des vaccinations opérées soit efficace, ne serait-ce que pour réaliser la seconde injection, indispensable pour assurer l’efficacité du premier vaccin, au moins. Le carnet de vaccination électronique est un outil intéressant, qui pourrait être mis en œuvre dans la stratégie vaccinale.
Troisièmement, la rapidité avec laquelle les sociétés américaines ont pu mettre au point un vaccin innovant doit nous interroger sur notre capacité à soutenir la recherche et l’innovation dans le domaine médical.
S’il est tout à fait positif que les pays européens aient choisi de négocier collectivement l’achat de vaccins avec les grands laboratoires, il est aussi manifeste que nous ne disposons pas des outils permettant d’investir massivement dans le développement des médicaments stratégiques ou innovants. La Biomedical Advanced Research and Development Authority, ou Barda, américaine, qui a investi 10 milliards de dollars, sous la forme de partenariats public-privé, pour la mise au point de vaccins, permet aujourd’hui aux États-Unis de bénéficier de livraisons prioritaires et de conditions de prix plus favorables. L’Europe devra s’en inspirer.
Quatrièmement, et surtout, il nous faut gagner la confiance de nos concitoyens.
Cette confiance est possible : quelque 15 millions de vaccins contre la grippe ont été administrés dans notre pays en un temps record, à savoir moins de six semaines ! Il faudra répondre aux craintes qui s’expriment dans ce contexte de crise avec un nouveau virus, en explicitant l’analyse bénéfices-risques dans la concertation, la publication des travaux devant aussi contribuer au climat de confiance. Cette dernière ne sera possible que grâce à une totale transparence dans la mise en œuvre de la stratégie de vaccination.