Intervention de Isabelle Briquet

Réunion du 16 décembre 2020 à 15h00
Loi de finances pour 2021 — Rejet en nouvelle lecture d'un projet de loi

Photo de Isabelle BriquetIsabelle Briquet :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, notre amendement « Coluche » adopté en première lecture a légitimement fait parler de lui, et je m’en félicite. En 1986, Coluche disait déjà : « Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. » Ce budget pour 2021 ne risque pas d’inverser la tendance…

Alors que notre pays et le reste du monde traversent une crise sanitaire sans précédent, nous devons faire face à l’aggravation de la crise sociale et à l’explosion de la pauvreté. Dans un contexte aussi grave, les socialistes regrettent l’absence de toute écoute de la part d’un gouvernement qui n’entend que lui-même.

Ces dernières semaines, alors que, dans cet hémicycle, deux visions de droite s’affrontaient, nous portions une voix de gauche, celle d’une alternance possible et crédible. En effet, ce projet de loi de finances accentue les souffrances des plus précaires et ne permet pas de soutenir notre économie correctement.

Au groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, nous avons défini une opposition cohérente et responsable pour les finances publiques et nous avons avant tout proposé un budget créant de nouvelles solidarités, soutenant les plus précaires, et réellement écologique.

Nous n’avons pas à rougir de nos amendements. Durant ces 145 heures de débat public, nous avons défendu une alternative sérieuse, à la hauteur des enjeux pour notre pays et ses habitants.

La jeunesse, frange de la population la plus touchée par la pauvreté, est la grande oubliée de ce budget. Comment cependant oublier l’avenir de notre société ? Notre jeunesse n’a jamais été aussi fragilisée.

Monsieur le ministre, ce n’est pas juste « dur d’avoir 20 ans en 2020 », c’est une lutte quotidienne. Nos jeunes sont privés de moyens pour se nourrir, se soigner, étudier correctement ; leurs perspectives se heurtent à la réalité des fins de mois, voire des fins de semaine. Comment penser à l’avenir quand le présent est incertain ? La politique du Gouvernement laisse nos jeunes sombrer dans la pauvreté. En 2019, déjà un quart des jeunes de 18 à 30 ans vivaient sous le seuil de pauvreté. Après cette crise, combien seront-ils ?

Au groupe socialiste, nous avons proposé une dotation d’autonomie pour la jeunesse destinée aux jeunes de 18 à 25 ans, la prise en charge élargie des frais de scolarité et d’alternance, ainsi que le financement des projets associatifs ou professionnels. Ces trois mesures pourraient être financées par le seul rétablissement de l’impôt sur les grandes fortunes !

Il n’y a pas que les jeunes qui subissent la crise sociale de plein fouet, le nombre des inscriptions au RSA a bondi cette année ! Près de 2 millions de foyers ont dû recourir à cette prestation sociale au mois de juin 2020.

Pour faire face à cette recrudescence de précarité, notre groupe proposait d’autres mesures fortes : une expérimentation du revenu de base, la hausse du RSA, une augmentation de l’aide alimentaire à hauteur de 1 milliard d’euros et la création d’un fonds d’aide au paiement des quittances de loyer.

Ces dépenses sont nécessaires et nous devons rester solidaires vis-à-vis des plus démunis. J’entends déjà la petite musique selon laquelle les socialistes videraient les caisses de l’État… Or nous proposions de financer ces dépenses, non pas par de la dette supplémentaire, mais par des recettes évaluées et chiffrées, qui n’auraient à aucun moment été confiscatoires, comme j’ai pu l’entendre au fil des débats.

La politique, c’est faire des choix. De toute évidence, le Gouvernement et la majorité sénatoriale font bien souvent les mêmes, au détriment des plus précaires.

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