En ce qui concerne les 232 millions de doses, je vous transmettrai le document source, mais je ne garantis pas que ces données soient meilleures que celles dont vous pouvez disposer.
En ce qui concerne le repositionnement du nouveau traitement, l'institut Pasteur de Lille a fait exactement ce qu'il fallait. La controverse un peu pénible sur la chloroquine et l'hydroxychloroquine aurait pu être totalement évitée par une approche plus secrète. La transparence, c'est très bien, mais pas lorsqu'elle vend des arguments non encore validés par les essais cliniques. Le repositionnement d'un médicament existant est une des meilleures stratégies possibles si le traitement montre une efficacité : on aura pu ainsi court-circuiter toutes les phases préalables de développement. Il ne restera plus qu'à procéder aux essais de phase 3, c'est-à-dire contre placebo, pour s'assurer que le médicament a bien une efficacité clinique contre la covid-19. Si c'est le cas, cela pourra changer la donne pour les formes sévères. Je leur souhaite donc bonne chance !
Il n'existe aucun acte médical sans consentement préalable. En revanche, il n'y a pas de consentement écrit pour la plupart des actes médicaux. Seuls quelques actes chirurgicaux font l'objet d'un consentement écrit préalable. Aucun vaccin mis sur le marché ne nécessite un consentement écrit. Je pense qu'il y a eu au départ un peu de confusion dans les circulaires gouvernementales.
Certes, la vaccination a connu un départ lent, mais c'est tout à fait compréhensible en période de fêtes de fin d'année. Je ne suis aux commandes ni à l'échelon français ni à l'échelon suisse, je ne ferai donc aucun commentaire inapproprié. Je suis intimement persuadé que nous pouvons rattraper notre retard. La France est d'ailleurs en train de le faire. Elle a opté pour une stratégie s'appuyant sur 600 centres répartis sur l'ensemble du territoire. C'est la meilleure façon de procéder. On aime bien dans notre pays les controverses, j'ai hâte que nous soyons dans celle de la pénurie, cela voudra dire que nous avons entièrement rattrapé notre retard.
Vous avez pris le très bon exemple d'Israël, qui a déjà réussi à vacciner plus de 60 % de ses personnes âgées de façon dynamique et presque agressive. Seul bémol, Israël n'a pas décidé de vacciner les populations palestiniennes. C'est dommage, d'autant que des associations juives internationales ont appelé à la vaccination des Palestiniens. Au-delà, Israël table avant la fin du mois de mars sur une sortie possible de l'urgence sanitaire. Ce sera sans doute la démonstration la plus emblématique que nous aurons à notre disposition pour convaincre les personnes qui ont encore des doutes sur l'efficacité du vaccin. Aujourd'hui, Israël est dans une situation voisine de celle de l'Irlande. Ce pays se situe sur une courbe ascendante encore plus forte que celle que connaît la France actuellement.
Concernant les variants sud-africain et anglais, il est clair que l'Europe continentale ne fait pas assez de séquençage. Le séquençage des souches demande la mise en place de plateformes et a un coût assez élevé. Il doit être réalisé de façon très rigoureuse sur le plan méthodologique, notamment en ce qui concerne l'échantillonnage des personnes séquencées. Il faut en particulier un pourcentage de toutes les positivités du territoire. Il importe de pouvoir retracer l'épidémiologie moléculaire. Les Australiens sont probablement les chefs de file du séquençage dans le monde puisqu'ils ont réussi à tracer des épidémies et des clusters massifs en août dernier. Le Royaume-Uni comme l'Afrique du Sud sont deux pays qui séquencent beaucoup. Il est donc logique qu'ils aient été les premiers à repérer et à tracer des variants. Rien ne dit qu'il n'en existe pas ailleurs. Peut-on les suivre sans séquençage ? Par chance oui, car environ 10 % des PCR du marché européen fonctionnent avec trois sondes : si une des trois sondes ne répond pas, alors on est à peu près sûr qu'il s'agit d'un variant. Il faut ensuite procéder au séquençage de la souche pour déterminer de quel variant il s'agit...
On a eu une bonne nouvelle la semaine dernière à propos du vaccin Pfizer, qui est efficace contre le nouveau variant. On peut espérer qu'il en ira de même du vaccin Moderna. Concernant le vaccin d'AstraZeneca, les études sont encore en cours. Mais nous sommes plutôt confiants.