Monsieur le sénateur André Guiol, je vous remercie de votre question.
Vous avez raison de souligner que, parmi les facteurs pouvant expliquer que l’espérance de vie en bonne santé dans les territoires ruraux est plus faible que dans les grandes villes, il y a sans doute le problème de l’accès aux soignants et aux médecins.
Le problème est ancien : il y a toujours eu des divergences de répartition sur le territoire, comme en témoignent les cartographies françaises depuis le XIXe siècle. Mais, aujourd’hui plus qu’hier, cette situation est inacceptable.
Vous avez dit, monsieur le sénateur, que le numerus clausus avait été augmenté, mais que cela prendrait dix ans pour former plus de médecins. En réalité, nous l’avons supprimé, mais vous avez raison de souligner que cette mesure prendra du temps pour être effective.
Pendant des décennies, nous avons empêché les jeunes d’apprendre la médecine en France. C’était une aberration, mais, rassurez-vous, l’augmentation avait déjà commencé avant la suppression du numerus clausus : nous étions 3 500 dans ma promotion de deuxième année de médecine en 1998 ; il y a cette année 10 000 jeunes médecins en formation, donc cela viendra, mais il faut tenir.
Des solutions existent, comme la télémédecine. Depuis le début de la crise sanitaire, nous réalisons un million de téléconsultations par semaine, contre 10 000 auparavant. Je pense aussi aux organisations collectives. Je crois beaucoup aux communautés professionnelles territoriales de santé, les CPTS – les élus que je rencontre me disent qu’ils en sont satisfaits –, mais également à l’exercice regroupé dans ce que l’on appelle les maisons de santé pluridisciplinaires.
Monsieur le sénateur, la règle veut, il est vrai, qu’il y ait au moins deux médecins dans une maison de santé pluridisciplinaire, afin de la stabiliser dans la durée. En effet, si l’unique médecin s’en va, les autres soignants se retrouvent sur la touche.
Toutefois, la maison de santé peut être créée, même avec un seul médecin. C’est le financement de la création du poste d’assistant médical accompagnant les soignants dans leurs tâches administratives qui est corrélé à la présence de deux médecins.
Cependant, je fais mien votre point de vue, monsieur le sénateur, et je publierai prochainement une ordonnance offrant un délai, dans les maisons de santé comprenant un médecin et des soignants paramédicaux, permettant de recruter un nouveau médecin et de s’engager dans la voie de l’exercice collectif. Je pense que c’est déjà une bonne façon de répondre au problème que vous soulevez.
Nous continuerons à développer toutes ces offres de soins regroupés dans les territoires ruraux, périruraux et urbains.