Je ne crois pas l’avoir dit, mais j’aimerais bien pouvoir le dire un jour dans cet hémicycle ou dans un autre. Ce serait une formidable nouvelle. Cela signifierait que je n’aurais plus à décompter quotidiennement 300 morts, 1 500 admissions à l’hôpital, 200 en réanimation et quelque 20 000 contaminations. Je crois que nous pouvons être d’accord sur ce point, monsieur le sénateur.
Personne ne nie les difficultés que pose la mise en place d’une logistique absolument immense dans notre pays, difficultés que connaissent d’ailleurs tous les pays. §Vous le savez, certains pays ont mis en place des vaccinations dans certains grands centres que l’on appelle des « vaccinodromes ». En Allemagne, la presse et les élus d’opposition ne sont pas plus tendres avec leur gouvernement que vous ne l’êtes avec nous. Outre-Rhin, on peut faire trois ou quatre heures de queue dehors pour être vacciné, voire attendre six heures au téléphone, et certains centres sont dépourvus de vaccins.
Personne n’est parfait, monsieur le sénateur, ni vous ni nous, mais nous essayons tous de nous améliorer. En l’occurrence, ce n’est pas le ministre qui vaccine, ce sont les dizaines de milliers de soignants dans les hôpitaux publics, les cliniques, les Ehpad, les centres de vaccination à destination des soignants et, demain, des personnes âgées de 75 ans et plus.
Nous pouvons saluer ces personnes, car elles font un gros travail. Les conditions dans lesquelles elles ont commencé n’étaient pourtant pas évidentes, mais il y a une montée en puissance. Hier, plus de 50 000 personnes ont été vaccinées dans notre pays. Le rythme sur lequel nous sommes n’a, je peux vous le dire, rien à envier à celui de nos voisins. Il continuera de s’accélérer progressivement, à mesure que les doses de vaccin nous seront livrées.
Monsieur le sénateur, vous posez des questions concrètes. Je compte sur les pharmaciens, en particulier lorsque nous disposerons d’un vaccin plus simple à utiliser, ne nécessitant pas d’être conservé à moins 80 degrés et n’étant pas conditionné en flacon de cinq ou dix doses. Les pharmaciens savent faire, comme en atteste la campagne de vaccination antigrippale, sur laquelle vous m’avez suffisamment interrogé. Je note d’ailleurs que tout se passe plutôt bien pour le moment – touchons du bois ! – à cet égard. Nous sommes capables de vacciner 5 millions de Français en une semaine. Nous ne nous passerons donc pas du savoir-faire et de l’engagement des pharmaciens.
La Haute Autorité de santé nous demande de ne pas vacciner les professionnels de santé de moins de 50 ans, car elle considère qu’il est trop tôt, qu’il faut commencer par les publics fragiles, c’est-à-dire les personnes vulnérables, en établissement collectif, celles qui risquent d’être admises en réanimation, à l’hôpital, ainsi que celles qui sont susceptibles de développer des formes pulmonaires graves. Si nous ne le faisions pas, vous pourriez nous le reprocher et, pour le coup, vous auriez raison !