Monsieur le président, madame la ministre chargée de l’industrie, mes chers collègues, la crise sanitaire a souligné la défaillance de notre appareil productif dans des secteurs cruciaux de notre économie. Je pense en particulier à la pénurie de masques, de gants ou de matériel pour les professionnels de santé au début de la pandémie.
Les chiffres de l’année 2020 sont édifiants : 30 plans de licenciements par semaine en octobre, près de 1 million de suppressions d’emplois, 657 plans de licenciements entre le 1er mars et le 22 novembre. Mais le pire reste à venir ! Nous savons que, avec cette crise, le mouvement de délocalisation va encore s’accentuer et entraîner des suppressions d’emplois massives.
Nous attendons un véritable « bain de sang », pour reprendre une expression de Patrick Artus, auditionné ce matin par la commission des affaires économique. Pourtant, des milliards d’euros ont été versés aux entreprises à travers des plans de soutien, sans aucune contrepartie en termes de maintien de l’emploi, de reconversion ou de formation professionnelle.
Un grand groupe comme Michelin, qui a pourtant la capacité de mieux résister pendant la crise, rationalise sa production et ajoute encore au malheur, en annonçant la suppression en France de 2 300 emplois.
Un autre grand groupe, General Electric, qui s’était engagé à créer un millier d’emplois en France, a annoncé en septembre dernier un plan de restructuration menaçant près de 800 emplois. Comble du cynisme, son PDG s’octroie un bonus de 47 millions de dollars en récompense d’une gestion purement actionnariale et financière, qui a entraîné en plusieurs décennies des dizaines de milliers de suppressions d’emplois.
Face à ce constat, notre pays a besoin d’un État stratège qui se dote de véritables outils de planification pour réduire notre dépendance industrielle.
Madame la ministre, quelle est votre feuille de route nationale et européenne pour assurer notre souveraineté industrielle et retrouver nos emplois ? En particulier, quelle est votre stratégie concernant l’avenir des chantiers de l’Atlantique ?