Intervention de Jean Castex

Réunion du 13 janvier 2021 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Avenir de l'usine sud de nickel en nouvelle-calédonie

Jean Castex :

Le problème ne s’est malheureusement pas arrêté là puisque d’autres opposants ont fait le choix de bloquer une autre usine, la SLN (Société Le Nickel), dont l’État est actionnaire minoritaire via Eramet, pour « mettre la pression sur l’État dans le dossier de l’usine du Sud ». Ce faisant, ils ont placé cette usine au bord de la faillite, alors que 10 000 emplois sont concernés.

Sur ces dossiers, et dans l’affaire calédonienne plus généralement, le Gouvernement cherche avant tout la voie du dialogue.

Le ministre des outre-mer a passé trois semaines en Nouvelle-Calédonie, en octobre, immédiatement après la consultation référendaire. Après avoir rencontré tous les acteurs, il avait réussi à mettre tout le monde autour de la table. Le sujet du nickel, sans surprise, faisait partie de l’échéancier des concertations appelées à se tenir en novembre et en décembre, évidemment par visioconférence, pour les raisons que vous connaissez, la Nouvelle-Calédonie n’étant pas épargnée par la crise sanitaire. L’État a avancé des propositions pour faire évoluer l’offre de l’entreprise, rassurer les populations locales et apaiser les tensions.

Ces discussions se poursuivent et les autorités politiques locales compétentes y sont associées pour mettre au point définitivement les modalités de reprise du site, son accompagnement par l’État et son acceptabilité sociale, dans l’intérêt commun.

Mais pour pouvoir dialoguer – je le dis très tranquillement devant le Sénat –, encore faut-il réunir les conditions du dialogue, en Nouvelle-Calédonie comme partout. On ne dialogue pas, monsieur le sénateur, sous la menace ! Les blocages en cours, notamment sur le site de l’usine SLN, doivent cesser. La paix civile et l’ordre républicain ne sont pas négociables. Cette affirmation, loin d’affaiblir la volonté de dialogue du Gouvernement, contribue au contraire à la renforcer. On ne peut ni transiger ni tergiverser avec la tentation de la violence.

De même, je veux indiquer au Sénat que les décisions de justice qui ont été rendues ces dernières semaines pour condamner les casseurs doivent être appliquées et respectées. Si l’on condamne les violences, comme je me plais à constater que d’aucuns le font, on accepte que leurs auteurs soient condamnés.

Par ailleurs, pour dialoguer, il faut que tout le monde soit présent autour de la table. Je le redis ici publiquement devant le Sénat : tout en étant ferme sur le respect de certains principes, le Gouvernement continuera inlassablement d’appeler autour de la table l’ensemble des responsables politiques de l’île.

Monsieur le sénateur, vous avez fait le parallèle avec les terribles violences qui ont marqué ce territoire au début des années 1980. Je crois que nous devons résister à la tentation d’enfermer la Nouvelle-Calédonie dans cette référence ; le contexte n’est plus du tout le même. Trente années de rééquilibrage, de partage du pouvoir, de dialogue sont passées par là. Surtout, mesdames, messieurs les sénateurs, la moitié de la population du Caillou a aujourd’hui moins de 30 ans !

Voilà la responsabilité historique devant laquelle la République et l’ensemble des acteurs politiques calédoniens se trouvent. Nous ne devons pas revenir vers le passé que vous avez évoqué dans votre question, monsieur le sénateur, ni le reproduire. Nous devons au contraire inventer une solution politique nouvelle pour la Calédonie, dans le cadre de la République française. Vous pouvez pour cela compter sur l’engagement de mon gouvernement !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion