Dans le fond, madame la sénatrice Taillé-Polian, je crois que nous sommes plutôt d’accord… Il peut y avoir un débat sémantique sur le choix du terme – filière ou service public –, mais l’objectif que nous visons est en définitive le même : structurer le secteur grâce à l’injection d’argent public.
Pourquoi fais-je mention de filière, de secteur, et pas de service public ?
Aujourd’hui, énormément d’acteurs agissent sur le terrain, en première ligne : les collectivités territoriales ; des organisations non gouvernementales telles que Emmaüs Connect ; des entreprises de l’économie sociale et solidaire.
Dans une acception très jacobine de l’action de l’État, nous aurions pu décider que celui-ci allait embaucher, payer et déployer sur l’ensemble du territoire les formateurs. Mais nous avons pris une décision tout autre, d’ailleurs en lien avec l’ensemble des acteurs, qui saluent pour la plupart, me semble-t-il, cette approche. Nous avons opté pour le financement, via la Banque des territoires, de ce que nous appelons des hubs territoriaux, permettant de mettre en relation les acteurs et de les équiper, par exemple en développant des logiciels Pix. Il s’agit, dans le cas de cette plateforme, de travailler sur des standards pour évaluer l’illectronisme – sans standards, il ne peut y avoir de politique publique !
C’est donc pour travailler à la mise en relation des acteurs que nous avons investi dans des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) : la SCIC Pix ou encore la SCIC Mednum. C’est aussi pour cela que nous avons proposé de financer le dispositif des conseillers numériques, en prévoyant une embauche, non pas par l’État, mais par les collectivités territoriales, par des associations comme Emmaüs Connect, voire, peut-être, par La Poste.
Le rôle de l’État – pour une fois, me direz-vous – n’a pas été de faire ; il a été de mettre en relation les acteurs.
Je manque de temps pour approfondir ce sujet, mais je vous rejoins sur la nécessité de suivre les jeunes. Une légende urbaine voudrait qu’il y ait une génération Y, née avec un téléphone portable à la main. Ce n’est pas vrai ! Le numérique, cela s’apprend ! C’est une grammaire particulière ! Si nous avons besoin de former les moins jeunes, il nous faut, aussi, accompagner les jeunes.