Sur l'évolution du couple préfet-maire durant le deuxième confinement, je ne peux pas vous répondre. Les maires, interrogés à partir du 16 septembre 2020, se référaient au premier confinement. Si cette enquête était reconduite à l'heure actuelle, il serait possible de saisir ce que vous évoquez, même si je n'ai pas vu de différence entre les premiers et derniers répondants à la première enquête.
Vous pointez aussi un aspect fondamental : le préfet n'est que la courroie de transmission de l'État. Ce qui est soulevé dans l'enquête est le manque de clarté des directives. Ceci étant, certains préfets ont ainsi pu « arrondir les angles » et individualiser l'application d'un certain nombre de mesures.
Concernant la culture de la décentralisation, je suis toujours surpris de ne pas observer d'avancées significatives sur ce que réclament les citoyens français : une forme de souplesse dans l'action de l'État. Cela est, de mon point de vue, tout à fait compatible avec le pacte local évoqué par la sénatrice de La Provôté. Le débat doit inclure le problème de légitimité démocratique des intercommunalités et leur rôle dans ce pacte local.
Concernant les lieux de pouvoir qui ne sont plus nécessairement politiques, je pense que vous pointez un élément essentiel. J'avais été très frappé au cours du « Grand débat », en participant avec Pierre-Henri Bono à plusieurs réunions d'initiative locale, par le fait que le temps de la démocratie électorale est profondément chahuté. Un nouveau cycle est en train de se mettre en place. La majorité des maires sont conscients que la démocratie électorale ne peut pas se satisfaire d'un rendez-vous tous les six ans. Sur le plan local, les initiatives de démocratie « participative », « consultative », « délibérative » demandent un travail préparatoire considérable.
Pour conclure, il me semble que sur les réseaux sociaux on ne débat pas sur le plan politique. Or la politique consiste à organiser le débat. De ce point de vue, beaucoup reste encore à inventer.