Intervention de Françoise Gatel

Délégation aux Collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 3 décembre 2020 à 9h00
Audition de M. Frédéric Veaux directeur général de la police nationale dans le cadre des travaux sur l'ancrage territorial de la sécurité intérieure

Photo de Françoise GatelFrançoise Gatel, présidente :

Je vous remercie, mMonsieur le directeur général.

Le Sénat est particulièrement attentif aux questions que nous venons d'aborder, car nous sommes la cChambre des territoires. L'efficacité nécessite une excellente coopération. Chacun a son rôle à jouer : la police municipale ne peut pas être appelée à exercer des fonctions autres que les siennes, mais on comprendrait difficilement qu'il arriveque des événements dans des territoires surviennent sans que les élus en soient informés, parce qu'ils ont aussi une responsabilité qui leur est déléguée par l'État en matière de sécurité.

Nous sommes très attachés à l'ancrage territorial, c'est-à-dire au continuum de sécurité. J'étais heureuse de vos propos : je pense que votre passage dans la préfectorale vous porte à être attentifs à nos propos.

Lorsqu'il est nécessaire de faire évoluer l'organisation de services de l'État, on est parfois tenté d'apporter une réponse très simple, qui est celle de l'assimilation à un périmètre administratif. Par exemple, on pourrait dire, d'une manière très simpliste, que la police intervient sur tout un périmètre métropolitain. Or on sait que les métropoles ne sont pas uniformes : elles comprennent, notamment dans leurs extrêmes limites, des territoires ruraux frontaliers d'autres bassins de vie. Sans doute faut-il raisonner à l'échelle de bassins pertinents parce que la délinquance ne connaît pas les frontières administratives.

Tout cela ne peut se faire qu'en associant les élus, qui doivent être rassurés. J'ai entendu le propos de Jean-Michel Houllegatte : l'État doit pouvoir assurer la sécurité de tous les territoires, y compris de ceux qui ne sont pas naturellement attractifs. Il faut donc inventer des solutions.

Pour conclure, et je parle là en mon nom personnel, nous vous entendons aujourd'hui dans une période quelque peu particulière, mais l'audition avait été fixée depuis longtemps - je pense bien sûr au parcours quelque peu erratique de la proposition de loi sur la sécurité globale. Le Sénat a son rôle à jouer sur cette question - c'est la Constitution qui lui en donne non seulement le pouvoir, mais aussi le devoir - parce qu'il s'agit d'un processus législatif. Il ne peut pas y avoir de liberté sans sécurité : nous devons conjuguer les deux.

Soyons attentifs à ne pas être entraînés dans les dérives auxquelles nous assistons en raison de la frénésie médiatique : l'objet même de la loi sur la sécurité globale, qui est de répondre à la question importante de la protection des policiers, ne doit pas être « noyé » dans d'autres sujets. Vous l'avez dit, mMonsieur le directeur général, la police, c'est la sécurité de notre société ; son activité doit être totalement transparente parce que nous sommes dans une démocratie. On ne peut tolérer que, en raison de leur qualité, les policiers, comme les enseignants, les pompiers et d'autres métiers, soient agressés d'une manière extrêmement violente, en raison de leur qualité, parce qu'ils représentent l'autorité. On ne peut pas non plus accepter que leurs familles fassent l'objet d'agressions, voire d'actes extrêmement violents, comme on ne peut accepter certains actes de la part des policiers.

Originaire d'Ille-et-Vilaine, j'ai vu les manifestations très violentes qui ont eu lieu à Rennes contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : on avait affaire à des professionnels de la subversion et de la guérilla urbaine. Nous ne devons pas nous laisser manipuler par des personnes qui profitent de la liberté que nous avons dans notre pays pour faire de la subversion.

À Notre-Dame-des-Landes étaient organisés des week-ends de formation à la guérilla urbaine, avec des entraînements professionnels. Dans les manifestations, des personnes étaient vêtues de manière très discrète et banale, juste avec un sac à dos ; après avoir commis un acte répréhensible, elles enfilaient un autre blouson, enlevaient leur sac à dos et se fondaient dans la foule à l'arrivée de la police.

Monsieur le directeur général, soyez assuré de l'attention portée par le Sénat à la sécurité intérieure et la protection, à la fois, des forces de sécurité et de nos libertés.

La réunion est close à 11 heures 35.

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