Voilà près de quarante ans que je m'investis sur ce sujet, qui m'est cher.
Ce n'est pas une question récente : en 1983, le professeur suédois Per-Olof Åstrand, plus grand physiologiste de l'exercice musculaire de l'époque, déclarait déjà qu'un certificat d'absence de contre-indication à la pratique du sport lui paraissait moins pertinent qu'un certificat d'absence de contre-indication à la vie sédentaire et inactive car il faut avoir une santé très forte pour survivre à ce mode de vie !
Les vertus de l'activité physique sont aujourd'hui prouvées pour la prévention primaire, qui vise à ne pas développer de facteurs de risque, pour la prévention secondaire, qui consiste à ne pas tomber malade quand on a des facteurs de risque, et pour la prévention tertiaire.
On sait que l'activité physique prévient toujours la survenue d'une maladie chronique. Elle limite très souvent l'évolution et les complications des maladies chroniques et, parfois, les guérit, à la condition toutefois qu'on la pratique jusqu'à sa mort : puisque c'est un médicament, son effet bénéfique disparaît assez rapidement quand on l'arrête.
C'est la première expertise collective de l'Inserm à laquelle j'ai eu l'honneur de participer. Pour la première fois, les treize experts ont été unanimes sur le fait que ne pas prescrire l'activité physique pour un patient souffrant d'une maladie chronique était une perte de chances pour celui-ci : cela revient à le traiter mal. Toutes les sociétés savantes actuelles mettent l'activité physique en recommandation numéro 1, avec un niveau de preuves A ou B en fonction des pathologies.
Dans l'expertise, nous n'avons abordé que 13 pathologies chroniques, alors qu'actuellement les preuves formelles existent pour 26 d'entre elles.
Il est évident que l'activité physique ne remplace pas les médicaments. Elle s'associe au traitement. Elle diminue la mortalité des malades du cancer du sein de 28 %. Quelle chimiothérapie peut afficher un tel résultat ? Pour les malades du cancer du sein qui continuent l'activité physique alors qu'ils sont en rémission, la diminution des récidives s'élève entre 48 et 50 %.
Les neurologues, qui sont pour nous les intellectuels de la médecine, me disent tous que l'activité physique est la nourriture du cerveau. Il s'agit du premier traitement de la dépression. Selon les gériatres, c'est le seul traitement préventif de la maladie d'Alzheimer et il est encore efficace pour traiter l'évolution de la maladie. Aucun médicament n'a fait ses preuves dans cette pathologie : la marche est le seul traitement, me disent les gérontologues.
L'activité physique, ce n'est pas le sport ; le sport est une forme d'activité physique. Les patients sont évalués et nous leur proposons une activité adaptée à leur pathologie et à leurs limites, une activité physique individualisée qui va évoluer en fonction de l'état du patient, en collaboration avec les professionnels du sport-santé.