En tant que médecin du sport depuis plus d'une trentaine d'années, exerçant au sein d'un service de médecine du sport, j'aimerais faire un parallèle avec notre activité pour les sportifs de haut niveau.
Nous essayons d'appliquer les règles de suivi des sportifs de haut niveau aux sportifs loisirs et au sport-santé. Nous alternons, dans notre activité quotidienne, entre ces différents types de sportifs. La finalité des tests d'efforts est la même pour tous : regarder si la pratique d'une activité physique ne pose pas problème, guider le sportif dans son activité physique.
Notre travail a été, au niveau des sociétés savantes, d'appliquer les recommandations du ministère, de la HAS et de la commission médicale et scientifique du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Nous avons ainsi mis en place le e-Vidal pour la partie sport-santé, avec le concours de l'ensemble des médecins fédéraux qui ont proposé des schémas thérapeutiques de prise en charge par sport et par pathologie. Certes, le e-Vidal n'est pas encore complet, mais il continue à se développer. Des dispositifs de prévention - primaire, secondaire et tertiaire - sont progressivement mis en place par les fédérations et discutés au sein de leurs commissions sport-santé. Cela a représenté un important travail, qui se poursuit encore dans quelques fédérations.
En matière de sport-santé, nous n'avons pas attendu les dernières recommandations. Je travaille au service de médecine du sport de l'hôpital de Poissy-Saint-Germain et j'ai été contacté, dès 1998, par la pédiatre de l'hôpital Bullion, qui traite de l'obésité morbide des enfants en Île-de-France. Elle m'avait proposé de prescrire de l'activité physique aux enfants obèses. Nous avons donc commencé à travailler cette question il y a plus de vingt ans.
Nous avons travaillé à la mise en place de cette activité physique pour les enfants, qui s'est depuis développée. Rien que pour l'hôpital de Poissy-Saint-Germain, nous disposons actuellement de six enseignants en activité physique, répartis dans les services de neurologie, de rééducation et de médecine du sport. Ils nous aident au quotidien dans l'évaluation des patients.
En pratique, soit le patient n'a pas beaucoup de facteurs de risque et sera simplement évalué par son médecin traitant, lequel va l'adresser à un éducateur spécialisé qui le prendra en charge directement. Soit il souffre d'une pathologie importante et lourde et sera alors évalué via Prescri'forme, avant d'être pris en charge par un éducateur spécialisé au sein de notre service.
S'agissant de la formation des médecins à la prescription de l'activité physique, les médecins du sport y sont évidemment beaucoup plus sensibilisés. Les spécialistes se tournent systématiquement vers nous, car ils ne savent pas prescrire de l'activité physique. Depuis deux ou trois ans, ils nous adressent systématiquement certains patients pour un bilan et la mise en place d'une activité physique en fonction de la pathologie.
Tout ce réseau nécessite, évidemment, de la formation, notamment pour les éducateurs. Nous avons, au début, mis la charrue avant les boeufs : nous avons commencé à former les médecins, mais il n'y avait pas d'éducateur spécialisé capable de prendre en charge le patient dans telle ou telle discipline permettant de lui assurer une formation en toute sécurité.
Beaucoup d'efforts de formation de ces éducateurs sont faits, soit directement par les comités départementaux olympiques avec l'aide des directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, soit par les fédérations. Ces formations sont validées par les commissions sport-santé des fédérations dans lesquelles siègent des médecins et des entraîneurs. Un entraîneur ou un éducateur peut craindre les conséquences d'une activité physique chez les patients ayant une pathologie chronique lourde. Nous leur expliquons que, comme les sportifs de haut niveau, ils ont été évalués et que, si le risque n'est pas nul, nos consignes permettent de tenir compte de leur handicap moteur, cardiovasculaire, pulmonaire ou de surpoids.
Enfin, il est vrai que la visite sport-santé, pour une personne souffrant d'une affection de longue durée (ALD), prend du temps. Outre le questionnaire, l'interrogatoire, l'examen clinique complet, il faut prendre le temps d'expliquer nos propositions au patient pour qu'il adhère au projet. Cela sera plus facile pour un sujet qui a fait un peu d'activité physique dans sa jeunesse que pour une personne qui n'en a jamais fait auparavant.