chef de l'unité évaluation des risques liés à la nutrition, de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. - Sur le confinement, nous avons rendu un avis en mars dernier, dès que des mesures ont été mises en place, pour caractériser les dangers qui y sont liés. On ne connaissait pas, alors, l'issue de la pandémie et le niveau d'exposition de la population à court ou à moyen terme. Que le confinement soit total, partiel ou horodaté, il apparaît aujourd'hui qu'il pose des problèmes non seulement en termes d'activité physique, mais aussi de temps de sédentarité.
Le problème est lié à la fois à l'insuffisance d'activité physique, qui expose à un risque, bien connu, pour la santé, et à l'augmentation du temps de sédentarité. Nous avons publié un avis relatif à l'activité physique et au temps de sédentarité des enfants et des adolescents. Les deux tiers des tranches allant jusqu'à 17 ans sont des populations particulièrement exposées à des risques sanitaires qui font le lit des pathologies à venir. Il fut un temps où l'on parlait de culture physique. On n'en parle plus. Ces enfants particulièrement sédentaires seront des adultes qui n'auront pas acquis la culture de l'activité physique. On ne peut pas penser la prévention secondaire et tertiaire sans penser la prévention primaire, à la fois d'un point de vue sanitaire et en termes d'acquisition de compétences motrices. Il s'agit d'acquérir des habitudes qui vont permettre, au moment où l'on aura besoin de mettre en place la prévention secondaire et tertiaire, de le faire efficacement. On parle beaucoup d'un continuum, mais la question est celle de la mise en place et de l'acculturation grâce à laquelle ces populations, demain, pourront adhérer à l'approche thérapeutique non médicamenteuse.
La question des filières a été évoquée. Il existe une filière Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) : il s'agit d'une discipline universitaire depuis 1981, et la filière délivre des diplômes de niveau 1 et 2, qui permettent, avec des spécialisations, de couvrir nombre des compétences dont nous parlons.
Nous travaillons sur l'exposition de la population française aux risques sanitaires liés à l'inactivité physique. Ce qu'on verra chez les adultes est sans doute de nature différente de ce qu'on peut voir chez les enfants et les adolescents. Mais les enfants et les adolescents d'aujourd'hui seront des adultes très différents des adultes d'aujourd'hui, parce que les choses évoluent très vite. Outre la question des écrans, les enfants et les adolescents qui ont vécu cette période de confinement subiront des conséquences irréversibles, car le temps passé à ne pas avoir l'activité physique nécessaire et à avoir eu des temps de sédentarité élevés d'un point de vue physiologique n'est pas forcément rattrapable. De plus, ils n'auront pas la culture qui leur permettra ensuite d'avoir l'activité physique nécessaire à la prévention primaire, et a fortiori à la prévention secondaire et tertiaire.
Quand nous avons travaillé sur le confinement, nous avons aussi pris appui sur nos travaux de 2016 et 2017 sur l'activité physique et la sédentarité. Nous avions identifié toutes les relations épidémiologiques avec les mécanismes physiologiques qui les sous-tendent. Nous avons bien vu que certaines populations étaient plus exposées à certains dangers, et notamment les personnes âgées, les enfants et les adolescents. Pour ces populations, les effets du confinement sont difficilement réversibles. Nous devons penser dès aujourd'hui à la manière dont nous pourrons gérer cette question.