Intervention de Albert Scemama

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 20 janvier 2021 à 9h35
Sport et santé — Audition du dr albert scemama chef de projet au service évaluation de la pertinence des soins et amélioration des pratiques et des parcours de la haute autorité de santé de M. Matthieu Schuler directeur de l'évaluation des risques et de Mme Irène Margaritis chef de l'unité évaluation des risques liés à la nutrition de l'anses du dr alain frey médecin du sport et urgentiste président de la société française de traumatologie du sport et de Mme Christèle Gautier cheffe de projet stratégie nationale sport-santé au ministère des sports

Albert Scemama, chef de projet au service évaluation de la pertinence des soins et amélioration des pratiques et des parcours de la HAS :

Il est important de souligner que nous parlons de prescription d'activité physique, pas seulement de sport. Les effets bénéfiques sont connus, tant en prévention primaire, secondaire que tertiaire, ainsi que sur le maintien de l'autonomie des personnes âgées, ou la prévention des chutes. Les activités physiques de la vie quotidienne sont mobilisées, avec les déplacements actifs, et l'on sait que des programmes se sont développés en France sur la mobilité active. Des exercices physiques peuvent être prescrits, ainsi que des activités sportives de loisir, dans le cadre de programmes particuliers ou de véritables programmes structurés d'activité physique adaptée.

Dans le guide, nous avons utilisé une prescription de thérapeutique du mouvement en quatre niveaux, en s'inspirant des travaux suédois et de la politique « Suède en mouvement ». Le premier niveau est un programme de rééducation. Le second est un véritable programme d'activité physique adaptée. Les niveaux 3 et 4 concernent les activités physiques de la vie ordinaire et le sport-santé, selon la pathologie et les besoins d'activité physique, mais aussi et surtout selon l'autonomie du patient et sa capacité à suivre un programme d'activités physiques de manière autonome en sécurité, soit en groupe, soit en individuel. Les besoins en activité physique de la population française sont considérables.

Les travaux de la HAS ont fait en sorte de ne pas limiter le guide au médecin traitant. Bien sûr, il est adressé en premier lieu à ce dernier, qui est le plus proche, qui suit le patient et qui est le référent du parcours des maladies chroniques. Mais il s'adresse à l'ensemble des professionnels et des médecins, quelle que soit leur spécialité. Il concerne aussi l'ensemble des professionnels qui vont s'intéresser au parcours, puisqu'il apporte des connaissances utiles. Il est prévu que, dans le cadre du parcours structuré, l'évaluation de la condition physique soit faite par un professionnel de l'activité physique, et que la motivation soit partagée entre le médecin traitant et l'ensemble des acteurs du parcours.

Nous avons essayé de ne pas créer de nouveaux freins, et surtout de lever les freins existants. Nos documents sont-ils utilisés ? Difficile à dire. En tous cas, nous apportons des outils, avec les fiches patients, ou des outils plus pratiques encore. Il est essentiel de développer ces parcours de soin, pour que le médecin puisse adresser le patient à une structure. Bien sûr, le patient n'a pas vocation à rester à vie en rééducation, pas plus qu'en programme d'APA. L'idée est de passer par tous les niveaux pour, si possible, arriver à une activité physique autonome. En effet, l'activité physique est efficace tant qu'elle est poursuivie, et ses effets disparaissent à peu près en deux mois si on l'arrête totalement. C'est donc un traitement à vie. Il y a une problématique de prise en charge, en sachant qu'un accompagnement doit être fait vers l'autonomie du patient, pour éviter une prise en charge à vie.

En ce qui concerne les métiers, tout dépend du niveau de prise en charge. La rééducation concerne avant tout les paramédicaux. Au niveau des programmes d'activité physique adaptée, ceux-ci interviennent conjointement avec les professionnels de Staps. Enfin, pour les activités physiques ordinaires et le sport-santé, nous avons des éducateurs formés. Ce qui nous manque, et qui existe dans d'autres pays, ce sont les bénévoles formés qui accompagnent les patients.

Les bénéfices de l'activité physique sont bien démontrés. Surtout, ils sont très largement supérieurs aux risques. Il ne faut pas avoir peur de l'activité physique comme traitement. Le nombre des examens complémentaires est limité et les indications de l'épreuve d'efforts sont aussi très ciblées. Le but est de ne pas mettre en place de freins. C'est pourquoi nous avons rédigé un guide en trois niveaux : tout le monde n'a pas besoin de consulter un médecin, tout le monde n'a pas besoin d'une consultation longue, et tout le monde n'a pas besoin d'examens complémentaires. C'est pourquoi nous avons retenu cette déclinaison au niveau d'un guide, et par pathologie, pour lever un maximum de freins.

Nous avons développé un référentiel pour les personnes âgées sur l'importance de l'activité physique, qui est importante tout au long de la vie : pour un vieillissement réussi, il faut s'y prendre tôt. Dans les Ehpad, la réduction de l'activité physique provoque une dégradation de l'autonomie et, dans le cas de personnes très âgées, avec des troubles cognitifs à plus de 50 %, les effets ne sont pas réversibles. Pendant la crise de la covid, avec les taux de mortalité très élevés, il n'y avait pas d'autre possibilité qu'un isolement en chambre, surtout qu'on manquait de masques. Il y a eu de très grosses difficultés, avec des conséquences qui ne sont pas négligeables.

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