J'ai entendu dire que la France n'est pas un pays qui a une culture sportive développée. Oui, c'est vrai, nous n'avons pas cette culture. Cela commence dès le sport à l'école. À mon époque, on en faisait quatre ou cinq heures, durée qui s'est réduite comme peau de chagrin à deux heures ; et si ces deux heures sont placées entre huit et dix, ce n'est pas du sport, ni de l'activité physique... Pour en avoir discuté avec un certain nombre de professeurs dans les collèges, je sais qu'ils se sentent mis à l'écart et se demandent quand nous allons enfin développer cette activité en prévention primaire et inculquer la culture du mouvement. Il est beaucoup plus compliqué de commencer à pratiquer une activité physique à 40 ans !
Je ne reviendrai pas sur la loi de simplification des certificats, mais elle nous a interloqués, à la Société française de médecine de l'exercice et du sport. Nous n'étions pas opposés à l'idée de modifier la délivrance de ce certificat, avec une périodicité de trois ans, qu'on aurait même pu pousser jusqu'à cinq ans pour les personnes bien portantes, suivies et qui ont déjà un engouement pour l'activité physique. Mais la suppression pour les jeunes pose problème. Qui va les voir ? Qui va leur parler d'activité physique ? On espère qu'à l'occasion des trois dernières visites, aux alentours de dix, quatorze et dix-sept ans, le médecin posera des questions sur l'activité physique. Mais ce ne sera pas systématique, à mon avis. C'est dommage. Il y a beaucoup de problèmes de croissance chez les enfants et, pour les problèmes ostéo-articulaires, une intervention à onze ans est souvent plus efficace qu'à quatorze.
Une question a été posée sur les relations entre les MSS et les centres de référence. Dans la ville de Saint-Germain-en-Laye, il y a à la fois une partie de l'hôpital de Poissy Saint-Germain et une MSS, avec laquelle nous travaillons. Une personne peut y aller directement pour pratiquer une activité physique sans passer par la prescription médicale. Ou le médecin traitant, qui connaît son patient, peut le dispenser de l'évaluation par le centre de ressources ou le centre de référence : il prescrit directement l'APA, qui se pratique directement avec un enseignant. Le troisième niveau concerne les pathologies lourdes, pour lesquelles le médecin traitant ou le médecin spécialiste ne se sent pas capable, seul, de prescrire l'activité physique. Alors, une évaluation est faite par les centres de ressources, qui sont globalement des services de médecine du sport, à raison d'au moins un par département. Comme le suivi des sportifs de haut niveau a été simplifié par rapport à ce qui avait été fait en 2004 et 2006, ces centres ont la possibilité d'évaluer les patients et de donner des informations à l'enseignant qui les prend en charge.
La filière Staps-APA est celle qui forme à travailler avec les médecins pour suivre et adapter les programmes d'activité physique. Nous formons aussi des éducateurs sportifs au fur et à mesure, mais c'est long, cela ne se fait pas du jour au lendemain ! Il faut commencer par surmonter leurs craintes, car ils auront une nouvelle population à gérer : une personne de 70 ans, qui est obèse, souffre d'hypertension, à qui on a prescrit de l'activité physique, cela peut leur faire craindre d'être responsable de ce qui peut se passer sur le terrain ! Il y a donc toute une formation à faire. Le processus est enclenché et, dans les Yvelines, il se répand de plus en plus. Président d'un club de tennis, j'incite mes deux enseignants à se former à l'APA pour pouvoir prendre en charge des personnes qui ont une prescription.
Pour l'évaluation, nous avons mis en place un dispositif depuis 2016. Mais une période de six mois à deux ans n'est pas pertinente. Au bout de deux ans, les gens lâchent, surtout s'il n'y a pas de suivi. Nous avons donc essayé de reconvoquer systématiquement les personnes concernées au bout d'un an. C'est un travail lourd, mais cela permet de discuter avec elles, de savoir pourquoi elles ont arrêté, ou pourquoi elles continuent, quels sont les freins... Ces évaluations sont en cours. La comparaison entre 2016 et 2021 va être difficile, toutefois. En tous cas, tout va dans le bon sens.
La formation des médecins se fait par des enseignements postuniversitaires. Le Conseil national de l'ordre des médecins, par sa lettre mensuelle, donne aussi des informations sur le sport-santé. C'est surtout la discussion directe avec les médecins généralistes qui est efficace, pour bien expliquer concrètement, lorsqu'ils ont un patient dans leur cabinet, comment faire : à qui envoyer la prescription, etc.
La médecine du sport a toute sa place dans le dispositif. Ce n'est pas une spécialité actuellement reconnue en France, alors qu'elle l'est dans un certain nombre de pays européens. Son conseil national professionnel souhaiterait que les choses évoluent, car nous sommes à la croisée de tous les chemins et de toutes les spécialités. Même nos spécialistes - cardiologues, urologues, néphrologues, médecine interne, etc. - ne sont pas formés à la prescription d'activité physique. J'ai la chance de travailler dans un hôpital avec plusieurs spécialistes : dès qu'une prescription d'activité physique doit intervenir, ils se tournent vers nous, et nous travaillons de concert avec eux sur les pathologies. Bien sûr, les patients qui ont une activité physique diminuent leur consommation médicamenteuse, cela a été clairement démontré. Je crois donc que nous avons suffisamment mis en évidence l'intérêt de la prescription d'activité physique.