Monsieur le ministre, alors que des discussions ont été ouvertes entre le québécois Couche-Tard et le groupe Carrefour en vue d’une fusion, vous avez mis fin à cette tentative de rapprochement au nom de la sécurité alimentaire de notre pays.
Nous ne pouvons que nous féliciter de ce retour du politique dans le domaine commercial. Vous avez su le rappeler : en temps de crise, l’État a plus que jamais son mot à dire dans les interventions d’investisseurs étrangers, surtout lorsqu’il s’agit du premier employeur privé de France.
C’est le sens de la disposition que nous avons adoptée dans la loi Pacte, qui a modernisé le dispositif de contrôle des investissements directs étrangers dans les secteurs stratégiques.
Au fond, de quoi est-il question ici ? D’un groupe de plus de 364 000 salariés, ce qui en fait, j’insiste sur ce point, le premier employeur privé français. Ce groupe était en passe d’être racheté par un géant canadien de la grande distribution, qui réalise plus de 70 % de son chiffre d’affaires dans les carburants.
Carrefour, c’est une entreprise qui rayonne, qui s’est installée sur tous les continents et dont les dernières performances économiques sont prometteuses, que ce soit en France ou dans le reste du monde. Autant dire, monsieur le ministre, que son rachat ne va pas de soi.
Il n’est d’ailleurs possible que pour une seule raison : parce que, depuis la crise de 2008, les indices boursiers ont doublé outre-Atlantique, tandis que les indices européens sont restés en deçà de leur niveau d’avant la crise. C’est donc bien une extraordinaire bulle financière qui permet à Couche-Tard d’envisager une telle opération, alors que son activité réelle reste inférieure à celle du géant français.
Pour toutes ces raisons, nous soutenons cette décision courageuse, mais certaines questions restent en suspens, notamment le développement de l’e-commerce, que Carrefour devra désormais financer seul.
Et que dire de l’image de la France, qui doit rester une terre d’investissements et une nation attractive ? C’est tout l’engagement du Président de la République et de la majorité présidentielle.
(Marques d ’ ironie sur les travées du groupe Les Républicains.) et rassurer les investisseurs étrangers sur la position de la France et son attractivité ?