Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, plus qu’un filet, il nous faut un tremplin.
Le réseau transpartisan des missions locales, que je remercie de son implication permanente, mobilise des élus de tous bords engagés pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Ensemble, elles convergent vers l’idée qu’un système fondé uniquement sur le principe d’une allocation ne saurait répondre aux besoins de notre jeunesse. Les attentes des jeunes sont simples : ils veulent être accompagnés dans leur dynamique d’insertion pour accéder à une situation stable et durable dans l’emploi et, plus largement, dans la société.
Cette proposition de loi prévoit, quant à elle, d’abaisser le critère d’âge d’éligibilité au revenu de solidarité active. Force est de constater que ses auteurs s’inscrivent dans la perspective de l’instauration d’un revenu universel, ce qui n’est pas une solution.
S’il faut prendre à bras-le-corps la thématique de la précarité de la jeunesse française, il n’est pas possible de se contenter du simple « filet de sécurité sociale minimal » que vous nous proposez aujourd’hui.
Dans un contexte de relance économique instable et particulièrement perturbée par la crise sanitaire que nous traversons, cette proposition de loi ne vise qu’à élargir le champ d’éligibilité de l’allocation du RSA. Or seul un accompagnement permettra aux jeunes de définir leur projet, de regagner en estime de soi et, in fine, de trouver leur place dans la société.
La garantie jeunes, que le plan « 1 jeune, 1 solution » prévoit d’élargir pour une meilleure insertion, permet déjà d’accompagner financièrement, mais aussi matériellement, les jeunes en situation de précarité.
Pour chaque jeune âgé de 16 à 25 ans, une procédure alliant expériences professionnelles, conseils, ateliers collectifs et versement d’une allocation permet d’apporter une véritable réponse à leur situation.
Avec un montant équivalent à celui du RSA pour une personne seule, soit 497, 01 euros par mois, la garantie jeunes permet de se construire un avenir moins précaire. L’extension de ce dispositif gagnant-gagnant et des moyens alloués au réseau des missions locales dans la loi de finances pour 2021 doit permettre de répondre à l’augmentation des jeunes en situation de précarité, les « NEET » – Neither in Employment nor in Education or Training.
De plus, face aux nouvelles attentes sociétales et à une crise sanitaire qui a révélé le manque de cohérence entre les échelons nationaux et locaux, la garantie jeunes témoigne d’une volonté d’impliquer les acteurs locaux dans les thématiques de l’emploi. La proximité des acteurs et l’idée de partenariat sont des atouts pour les jeunes. Donner pour donner n’apportera ni réponse ni solution aux maux de la jeunesse.
Aujourd’hui, il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver un travail ; il faut accompagner les jeunes à travers des politiques d’insertion.
Mes chers collègues, cette proposition de loi, qui se contente d’un accompagnement financier, ne suffit pas et ne s’attaque pas de la bonne manière aux problèmes d’aujourd’hui. Elle n’offre qu’une compensation, mais ne propose pas une solution.
En tant que présidente d’une mission locale, je crois profondément à ces structures qui portent les valeurs du travail, du mérite et de la nécessité d’aider chaque jeune qui veut s’en sortir. Nous devons aujourd’hui envisager d’étendre les critères d’éligibilité de la garantie jeunes. Quel intérêt aurions-nous à créer un doublon, si ce n’est pour enterrer ce dispositif, procédé le plus adapté pour répondre à l’inactivité des jeunes précaires et qui permet d’offrir une réponse à long terme ?
Souhaitant réellement un accompagnement, et non une simple allocation, le groupe Les Républicains votera contre cette proposition de loi.