Intervention de Philippe Pemezec

Délégation aux Collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 26 novembre 2020 : 1ère réunion
Table ronde sur la gouvernance de la métropole du grand paris

Photo de Philippe PemezecPhilippe Pemezec :

Merci. Chacun sait que je suis très attaché à la commune. Quand on est un élu de terrain, on souhaite la clarté et la simplification, pour être efficace et au service des populations. Aujourd'hui, on nous a construit un monde « schizophrénique » avec, tout de même, cinq structures : la région, la métropole, les départements, les territoires et la commune.

Le maire est aujourd'hui complétement perdu dans cette organisation institutionnelle délibérément voulue pour nous compliquer la vie, pour nous diviser et pour nous empêcher d'être efficaces. Je ne vois pas d'autres raisons d'avoir complexifié les choses de cette façon.

Je n'entrerai pas dans un problème de personnes puisque je suis à la fois ami de Patrick Ollier et de Valérie Pécresse. Néanmoins, il faut qu'on simplifie. Il faut donc supprimer certaines strates.

Avant d'arriver au schéma que je propose, je voudrais revenir sur une chose. Philippe Dallier, si la Seine-Saint-Denis est dans cet état, c'est parce qu'elle est dirigée par ceux qui la dirigent. Si les Hauts-de-Seine sont devenus ce qu'ils sont devenus, c'est parce qu'à l'époque, Charles Pasqua a eu la bonne idée d'attirer des entreprises. Nous avons aussi beaucoup de quartiers en difficulté dans les Hauts-de-Seine, contrairement à ce que l'on se plaît à raconter. Néanmoins, nous sommes davantage en mesure d'aider ces quartiers en difficulté parce qu'on avait des présidents de conseils généraux qui avaient envie de « fabriquer du gâteau » pour que les parts soient plus importantes et pour pouvoir « distribuer du gâteau », comme disait Raymond Barre.

Je pense donc qu'il faut simplifier. Nous, élus locaux, n'en pouvons plus de cette machine insupportable.

Je crois que le vrai périmètre de la métropole est la région. Aurons-nous le courage de supprimer des strates ? Je crois que, dans ce pays, on ne sait rien supprimer, on rajoute toujours des couches. La région doit devenir la métropole. On ne peut pas vouloir nourrir les enfants des collèges avec des produits fabriqués dans la grande périphérie si on laisse cette périphérie en dehors. Il faut donc intégrer cette grande périphérie. Il ne s'agit pas de bouleverser les choses mais juste de changer de nom. La région ne s'appelle plus la région mais la métropole.

Ensuite, que devient la métropole ? Faisons de la métropole une espèce de théâtre de concertations pour mieux régler les problèmes particuliers de la zone dense. Il faudrait peut-être aussi faire un collège de la zone moins dense et, pourquoi pas, de l'ensemble des maires d'Île-de-France.

Les territoires sont un autre problème pour nous. Ils ont été créés pour tuer les villes, les mairies et les collectivités locales. Moi qui suis très attaché au fait communal, à cette démocratie de proximité et à cette légitimité qu'ont les élus locaux, je pense qu'il faut faire des territoires des syndicats de communes, comme il existe le syndicat des eaux ou du gaz. Les territoires, c'est la « mort du petit cheval », soit la mort des communes et de l'élu local. Or la vraie démocratie est dans la commune. Préservons donc la commune.

Appuyons-nous sur trois structures fortes : la commune, le département - rebaptisé, par exemple, territoire - et la région devenue la métropole. On sera allés en avant, on n'aura rien supprimé pour faire plaisir à ceux qui n'ont pas le courage de supprimer. Le courage serait de supprimer deux structures, mais comme on ne saura pas le faire, faisons en sorte que la métropole devienne vraiment très forte.

Pardon, Patrick Ollier. Nous sommes opposés sur ce sujet, mais ce n'est pas un problème de personnes. Il s'agit d'un problème d'organisation institutionnelle.

Redonnons de l'air à la commune. Le maire ne sait plus s'il doit aller chercher les crédits au territoire, à la région ou à la métropole.

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