Intervention de Bruno Le Maire

Commission des affaires économiques — Réunion du 2 février 2021 à 17h35
Audition de M. Bruno Le maire ministre de l'économie des finances et de la relance

Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance :

Si vous le permettez, plutôt que de faire un exposé liminaire, je vais répondre directement à vos questions. Je commencerai simplement par une brève introduction.

Je souhaite avant tout vous dire ma confiance profonde dans l'économie française. Je sais que les temps sont extrêmement difficiles pour les Français, et pour beaucoup d'entrepreneurs, qui ont les volets fermés et ne peuvent pas exercer leur activité pour des raisons de sécurité sanitaire. Ils sont extrêmement difficiles pour des centaines de milliers de salariés qui ont perdu leur emploi - même si nous avons amorti le choc. Pour autant, la France a une capacité de rebond économique exceptionnelle, et je ne voudrais pas que nous cédions, par fatigue, par lassitude, à un discours défaitiste que n'attendent pas les Français et qui ne correspond pas à la réalité de ce que les entrepreneurs français, les salariés français essaient de faire tous les jours sur vos territoires. Nous avons des capacités de rebond exceptionnelles, et nous l'avons montré au troisième trimestre 2020, où nous avons connu plus de 18 % de croissance. Nous l'avons montré avec une récession moins importante que prévu en 2020 : 8,3 % au lieu des 11 % que nous attendions. Nous l'avons montré aussi par le très fort rebond de la consommation des ménages en décembre. Surtout, ne confondons pas un problème conjoncturel lourd, difficile, qui est celui de la pandémie et des règles sanitaires qui vont avec, avec la réalité structurelle de l'économie française. L'économie française a des fondamentaux solides et que nous avons considérablement améliorés en trois ans, en transformant la fiscalité française, en faisant du territoire français le plus attractif de tous les pays européens, en améliorant notre compétitivité, en recréant, pour la première fois depuis plus de dix ans, des emplois industriels, et en faisant baisser massivement le chômage. Donc, ayons confiance.

Cela ne nous interdit pas de réfléchir, comme vous m'y avez invité, à des transformations structurelles qui restent nécessaires. Il est évident que nous devons encore améliorer ce qui est fait en termes de formation et de qualification des salariés. Beaucoup a été fait par Élisabeth Borne mais, dans un moment de grande transition technologique, il est indispensable de permettre aux salariés de changer plus facilement d'emploi et d'acquérir plus facilement une qualification. Puis, je reste convaincu que la somme globale de travail fournie par la Nation française est insuffisante par rapport à celle de ses grands partenaires développés. Si nous ne voulons pas voir notre pays s'appauvrir, nous devons tous travailler davantage. Je ne dis pas cela en critiquant l'un ou l'autre, bien sûr, et je sais que les salariés français travaillent beaucoup, qu'ils ont fait des efforts considérables. Mais vous pouvez tourner le problème dans tous les sens, tant que nous aurons un niveau de chômage aussi élevé, des travailleurs qui partent à la retraite plus tôt que dans d'autres pays et des jeunes qui entrent si difficilement sur le marché du travail - réalité encore plus cruelle aujourd'hui - nous risquons de ne pas garantir aux générations qui viennent, à nos enfants et à nos petits-enfants, le même niveau de vie que le nôtre. Or je pense que l'une des responsabilités fortes que nous avons, c'est de garantir à nos enfants et à nos petits-enfants un niveau de vie meilleur que le nôtre. Et ce n'est certainement pas en mettant sous le tapis les problèmes structurels de l'économie française que nous pourrons y arriver. Voilà ce que je voulais vous dire sur la question des réformes de structure. Vous voyez que je change assez peu de conviction sur le sujet...

Vous avez évoqué le plan de relance. Certains ont proposé de le multiplier par deux. Pardonnez-moi de trouver cette idée surprenante. Nous avons conçu, et vous avez voté il y a quelques semaines - à une large majorité, ce dont je vous remercie - un plan de 100 milliards d'euros. La vraie difficulté, aujourd'hui, n'est pas de rajouter des milliards fictifs, mais de faire en sorte que l'argent arrive sur les territoires, dans les entreprises, dans les PME, pour la formation des salariés, chez les jeunes, pour qu'ils puissent être embauchés, chez les apprentis, pour qu'ils puissent trouver une place, etc. Et, croyez-moi, il est beaucoup plus difficile de garantir la bonne exécution du plan de relance que d'annoncer, à grand renfort de roulements de tambours et de sonneries de trompettes, qu'on va y ajouter encore 20, 30, 40 ou 100 milliards d'euros. Or je préfère toujours, dans la vie politique, la difficulté à la facilité. Ma responsabilité, aujourd'hui, c'est de faire en sorte que l'argent soit décaissé, pour qu'il donne des résultats en termes d'emploi et de croissance pour nos compatriotes.

Certaines politiques ont du succès. Ainsi, de celle encourageant la digitalisation des PME. Nous y avions affecté 280 millions d'euros. Il se trouve que des milliers de PME ont demandé ce crédit d'impôt pour la digitalisation, et que nous aurons sans doute 800 millions d'euros à décaisser. Tant mieux ! Je préfère me concentrer sur la recherche de crédits pour abonder le financement de cette politique, que de chercher à ajouter de nouveaux milliards, qui risquent fort d'être fictifs, au plan de relance. Autre exemple : les appels à la relocalisation industrielle fonctionnent aussi très bien. Vous avez dû être saisis, dans vos territoires, par des entreprises qui n'ont pas été sélectionnées alors qu'elles présentaient un beau projet. J'ai fait le point aujourd'hui avec les préfets. Il apparaît que nous avons largement épuisé l'enveloppe prévue, et qu'il sera nécessaire de réallouer des fonds depuis des politiques qui fonctionnent moins bien vers des politiques qui remportent un grand succès, comme aussi MaPrimeRénov', ou la prime à la conversion, la prime pour l'embauche des jeunes ou encore la prime pour l'embauche d'apprentis : plus d'apprentis ont été embauchés en 2020, en pleine période de crise - 485 013 exactement - qu'en 2019 !

Toutes les propositions sont les bienvenues, et les instituts sont dans leur rôle lorsqu'ils formulent des propositions, mais nous ne devons pas céder à la facilité. Pour l'heure, le vrai défi est de s'assurer que les euros déjà programmés sont dépensés intelligemment, rapidement et de manière efficace pour nos compatriotes.

Vous avez évoqué la question de l'endettement. Est-il raisonnable, aujourd'hui, de s'endetter ? Oui. D'abord, parce que le coût de l'endettement est faible : en moyenne, sur les obligations du Trésor à dix ans, nous empruntons à un taux d'intérêt, négatif, de - 0,33 %. Le coût de l'endettement est donc limité pour les finances publiques. Ensuite, nous avons besoin d'investir. Même, si notre politique devait se résumer en trois mots, ce serait : l'investissement, l'investissement et l'investissement ! Or les entreprises ne sont pas nécessairement prêtes à investir, car l'environnement économique est trop incertain et il y a trop d'inquiétudes. Le rôle de la puissance publique est de soutenir l'investissement, y compris par de la dépense publique. La dette, donc, si elle finance de l'investissement, est une bonne dette.

En revanche, je ne suis pas favorable à de l'endettement qui financerait des dépenses de fonctionnement pérennes. Le rôle de l'État est bien de se substituer à de la dépense privée quand les investisseurs hésitent, ou de soutenir l'investissement des entreprises, notamment en leur donnant accès à des fonds propres - en particulier par les prêts participatifs, dont j'annoncerai le fonctionnement dans les prochains jours, et qui créeront une incitation à investir pour l'entreprise, à financer de la recherche. Ce n'est pas de créer de nouvelles dépenses pérennes de fonctionnement qui pèseraient durablement sur les finances publiques, nous empêcheraient de rétablir leur équilibre, et dégraderaient la situation du pays. C'est la ligne de partage, très claire, que nous avons fixée avec le Président de la République et le Premier ministre : nous endetter pour investir, oui ; nous endetter pour la dépense de fonctionnement, non.

Vous m'interrogez également sur l'indépendance économique de notre pays. Nous avons, avec cette crise, une opportunité unique de nous interroger sur les chaînes de valeur françaises. Quand on regarde de la manière la plus objective possible notre situation économique, on constate que ces chaînes de valeur souffrent de deux défauts.

D'abord, elles ne sont pas suffisamment nombreuses. En fait, nous nous reposons depuis à peu près 30 ans sur les mêmes chaînes de valeur, excédentaires à l'exportation, qui irriguent tout notre territoire. Ce sont autant de motifs de fierté, mais dont le petit nombre nous expose terriblement à un retournement de conjoncture. Il s'agit essentiellement, vous le savez, de l'agroalimentaire, de l'aéronautique, du luxe et de la chimie. Ces quatre secteurs sont exportateurs et économiquement solides. Mais quand il y a une pandémie, les avions sont cloués au sol, et l'aéronautique, par conséquent, souffre. Lorsqu'un Donald Trump accède au pouvoir et impose des tarifs douaniers de 25 % sur nos exportations de vins, c'est toute la filière agroalimentaire, dans laquelle les vins et spiritueux représentent une part très importante, qui se retrouve fragilisée. Et lorsque vous n'avez plus de composants critiques, notamment dans le secteur médical, c'est tout le secteur de la santé, et celui de la chimie médicale, qui lui est lié, qui sont en difficulté. Il est donc indispensable de créer de nouvelles chaînes de valeur, et de ne pas nous reposer sur nos lauriers. Nous travaillons depuis près d'un an, avec la direction générale des entreprises, des chercheurs, des économistes, à définir de nouvelles chaînes de valeur.

Notre deuxième défaut est un manque d'indépendance et de souveraineté, dont nous nous sommes aperçus à la faveur de cette crise. Non seulement nous étions exposés parce que nos richesses reposaient sur un nombre trop limité de filières, mais nous étions trop dépendants de l'approvisionnement extérieur. Par exemple, le véhicule électrique décolle, et les achats progressent fortement. Or le tiers de la valeur d'un tel véhicule, c'est-à-dire la batterie électrique, vient à 85 % de Chine ou de Corée du Sud. C'est un problème stratégique : la valeur n'est plus créée en France, elle est importée ! On parle de relocalisation, mais il s'agit surtout de recréer des chaînes de valeur en France, c'est-à-dire de la production qui repose sur du savoir-faire, des technologies, de la formation, dont dépend la création de valeur et d'emplois dans notre pays. Il ne s'agit pas d'installer en France une industrie automobile française qui se contenterait de faire la carrosserie et les pneus... D'où la décision, que nous avons prise, de créer nos propres batteries électriques, avec l'alliance créée par PSA, Total et SAFT, qui aboutira à l'ouverture d'une première usine en 2022, dans les Hauts-de-France.

Deuxième exemple : l'hydrogène. C'est très bien de se dire qu'on aura en 2035 un avion décarbonné. Mais, pour cela, il faut des piles à hydrogène. Il nous faut donc maîtriser la production d'hydrogène en France. Or il s'agit d'investissements qui se chiffrent en milliards d'euros. Nous avons décidé de faire de l'hydrogène l'une des chaînes de valeur critiques dans notre pays. De même, le quantique, les télécommunications, la nanoélectronique ou les biothérapies font partie de ces chaînes de valeur dans lesquelles la France a des avantages comparatifs considérables. C'est pourquoi nous avons prévu d'investir, pour le seul plan d'investissements d'avenir, 11 milliards d'euros dans les deux années qui viennent.

J'ajoute deux points importants. D'abord, ces chaînes de valeur supposent une véritable stratégie industrielle de long terme. Les choix n'ont pas été faits par le ministre de l'économie et des finances, tout seul dans son bureau. Tout est venu du terrain, des entreprises, des chefs d'entreprise, des chercheurs, des économistes, sous réserve de trois critères, remplis par chacune de ces chaînes de valeur. D'abord, il faut qu'il y ait un marché. On ne va pas développer des chaînes de valeur sur des marchés qui n'existent pas. Pour l'hydrogène, par exemple, il y a les transports collectifs, l'avion, les bus, les trains à l'hydrogène : c'est une technologie porteuse d'avenir, pour laquelle il existe un marché et une demande.

Deuxième critère : il faut que la France dispose déjà de technologies et d'investissements en cours de réalisation. Il ne s'agit pas de partir de rien. Pour le quantique, par exemple, nous avons une école de mathématiques exceptionnelle. Le Président de la République s'est rendu il y a quelques jours sur le plateau de Saclay : nous avons un avantage comparatif considérable.

Enfin, il faut que la France compte des industriels qui puissent développer ces technologies. Dans le domaine médical, pour les vaccins, c'est bien ce qui nous a manqué. Mais, pour l'hydrogène, nous avons au moins deux entreprises : Air Liquide, très grande et mondialement connue, et McPhy, plus petite, moins connue, mais très performante. Ainsi, si nous investissons dans la recherche, le développement industriel ne se fera pas à l'étranger mais en France, car nous avons déjà les briques industrielles. L'expérience de cette crise nous a montré que ce qui manque à la France est un lien plus étroit entre recherche et développement industriel. Nous nous sommes battus dans le cadre de la loi Pacte pour resserrer ce lien. Bien sûr qu'il est important de lutter contre les conflits d'intérêts. Mais il ne l'est pas moins de faire vivre un lien étroit entre recherche et développement industriel. Sinon, nous nous ferons systématiquement doubler par les Américains, les Chinois, voire d'autres pays européens. Nous avons tous, comme responsables politiques, à nous interroger sur les barrières, peut-être excessives, que nous avons mises entre le monde de la recherche et le développement industriel.

Deuxième point : ces développements industriels nécessitent des financements importants. Le ticket d'entrée, pour une start-up qui veut se développer dans des domaines aussi compétitifs, et notamment dans le domaine médical, n'est pas la dizaine ou la centaine de millions, mais le milliard d'euros. Nous devons donc être, en matière de capital-risque, de financement de l'investissement, d'union des marchés de capitaux, beaucoup plus ambitieux. Si nous ne mettons pas de l'argent à disposition des entreprises qui veulent faire grandir des technologies d'avenir, nous nous ferons doubler, une nouvelle fois, par des start-up adossées à des géants qui se trouvent aux États-Unis et en Chine.

Troisième élément de la stratégie, qui doit nous permettre de tirer les leçons de ce qui s'est passé pendant cette crise économique et sanitaire : il faut jouer collectif avec nos partenaires européens. Les enjeux financiers sont tels que c'est uniquement en travaillant main dans la main, notamment avec nos partenaires allemands, qu'on peut espérer atteindre une taille critique face aux deux autres continents que sont la Chine et les États-Unis. Si nous tirons les leçons des retards que nous avons pris dans le développement de certaines technologies et en reconnaissant la nécessité d'un lien plus étroit entre recherche et industrie, l'importance de développer notre capacité de financement, et celle de nous associer au niveau européen, nous avons tout lieu d'espérer que nous serons au même niveau que les États-Unis et la Chine dans les décennies qui viennent.

Les Chantiers de l'Atlantique sont un fleuron industriel français, qui fait notre fierté. En grande difficulté économique, ils avaient été cédés en 2008 à un acteur coréen nommé STX. Celui-ci a fait faillite en 2016. Un accord a été signé, lors du précédent mandat présidentiel, prévoyant une reprise de STX par l'Italien Fincantieri, avec un partage 54/46 en faveur de la partie italienne. En 2017, lors d'un déplacement sur place, le Président de la République a indiqué qu'il estimait que cette cession à 54/46 était déséquilibrée, et il a demandé à son ministre de l'économie et des finances, que vous avez devant vous ce soir, de renégocier les modalités de cet accord avec la partie italienne. Après plusieurs semaines de négociations, nous sommes arrivés le 27 septembre 2017 à un accord prévoyant que les Chantiers de l'Atlantique seraient partagés à 50/50 entre l'Italie et la France, avec 1 % qui serait prêté par l'État français, pour une durée de douze ans, à la partie italienne. Si, après douze ans, l'ensemble des conditions que nous avions fixées à la partie italienne étaient remplies, celle-ci pourrait prendre la majorité. Évidemment, depuis 2017, la situation a profondément évolué. Le tourisme a été touché de plein fouet par la crise sanitaire, et les croisiéristes avec lui. Dans ces conditions, il nous a semblé, en France comme en Italie - comme au sein de la Commission européenne - que l'opération perdait de sa pertinence. Nous avons donc décidé, il y a quelques jours, au regard des nouvelles conditions de marché, d'abandonner le projet de fusion entre Fincantieri et les Chantiers de l'Atlantique. Nous devons donc trouver un partenaire pour les Chantiers de l'Atlantique, qui sont désormais détenus à plus de 80 % par l'État français. J'ai reçu l'ensemble des acteurs locaux, et nous agirons en toute transparence avec eux. Nous voulons trouver des partenaires économiques et industriels pour les Chantiers de l'Atlantique, nous le ferons en coordination étroite avec les élus locaux et nous le ferons sans précipitation.

Nous estimons que les conditions ne sont pas remplies pour une signature de l'accord avec le Mercosur, madame la présidente, en particulier au vu de la déforestation en Amérique du Sud - surtout que des liens commencent à être établis par certains chercheurs entre la déforestation massive et les risques de pandémie. Il ne nous paraît pas raisonnable de signer et de ratifier un accord dans lequel des mesures drastiques ne sont pas prises pour lutter contre la déforestation en Amérique du Sud.

Le rapport que vous avez évoqué doit vous être transmis dans les tous prochains jours. C'est effectivement un engagement vis-à-vis du Parlement qui doit être respecté.

Sur le rapprochement entre Carrefour et Couche-Tard, je vais être très simple : si j'avais à le refaire, je prendrais la même décision. L'enjeu est la sécurité alimentaire des Français, je le dis autant comme ministre de l'économie et des finances que comme ancien ministre de l'agriculture rompu aux négociations commerciales entre la grande distribution et les filières agricoles. La grande distribution française a bâti un modèle dont nous devons être fiers. Elle a su inverser, au cours des dernières années, une tendance à l'approvisionnement en produits ne venant pas nécessairement de France et ne valorisant pas nécessairement la production française. Toutes les enseignes françaises ont compris - et je salue leur engagement sur ce point - qu'il fallait valoriser les filières agricoles françaises. Carrefour ne fait pas exception, et cette entreprise a obtenu de très bons résultats économiques. C'est aussi ce que fait Leclerc, ce que fait Intermarché, avec des modèles différents, mais auxquels je suis attaché, car ce modèle de distribution français valorise la production agricole française. Carrefour représente 35 % de l'ensemble des contrats de filière entre la filière agricole et la grande distribution française. Qu'on le veuille ou non, il y a donc bien un enjeu stratégique, et céder l'intégralité de Carrefour à un acteur, aussi respectable soit-il, comme Couche-Tard, sans avoir de garantie que ces 35 % de contrats des filières agricoles seront renouvelés, et que c'est bien ce modèle-là qui sera défendu, est un risque que je n'étais pas - et que je ne suis pas - prêt à prendre. J'ajoute que Carrefour est le premier employeur privé français, avec 105 000 postes. Je ne crois pas, pour prendre une comparaison, que le gouvernement américain laisserait Walmart se faire racheter par un acteur étranger. Je ne vois pas pourquoi l'on pousserait des cris d'admiration devant la manière dont les États-Unis arrivent à défendre leurs intérêts stratégiques alors qu'on ne serait pas capable, en France, de prendre le même genre de décision pour le premier employeur français.

Enfin, vous avez évoqué le rapprochement entre Veolia et Suez. Il y a un enjeu en termes d'emploi, encore plus sensible avec une crise économique de cette ampleur. Il y a aussi un enjeu, auquel vous serez tous sensibles en tant qu'élus locaux, de concurrence sur le marché du traitement de l'eau et des déchets. Et il y a un enjeu industriel, parce que ce sont deux grands acteurs industriels, dans des activités qui demandent du savoir-faire et des compétences. J'ai toujours indiqué que ce rapprochement entre Veolia et Suez devait se faire dans un cadre amical. Je continue de penser qu'une solution amiable est possible, à portée de main. Il faut simplement que tous les acteurs fassent preuve de bonne volonté. Je souhaite qu'ils s'y emploient, pour que ce rapprochement se fasse de manière amicale.

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