Intervention de Alain Milon

Réunion du 10 février 2021 à 15h00
Évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies à la lumière de la crise sanitaire de la covid-19 et de sa gestion — Débat sur les conclusions du rapport d'une commission d'enquête

Photo de Alain MilonAlain Milon :

Cet échec a pesé sur la capacité de l’application TousAntiCovid à se faire une place dans les téléphones de nos concitoyens.

Aujourd’hui encore, une majorité écrasante de cas positifs passent sous le radar du traçage, ce qui témoigne d’une efficacité très relative.

Je souhaite faire une place singulière – car je sais que ma position sur le sujet n’a pas toujours été comprise – à la question de l’isolement des malades et des personnes contacts.

Il se trouve que la commission des affaires sociales avait eu à se pencher sur ce sujet peu de temps avant le déclenchement de l’épidémie, à la faveur de l’examen du rapport de Martin Lévrier sur une proposition de loi de notre ancien collègue Michel Amiel. Le texte visait les cas de tuberculose résistante, mais la question est la même : que faire face à un malade contagieux, qui risque de susciter une flambée épidémique ?

Notre commission avait alors suggéré de donner une compétence claire au préfet. La base juridique prévue dans le code de la santé publique ayant été jugée fragile, le Gouvernement a souhaité proposer un autre cadre au Parlement.

Celui qui était alors le Premier ministre avait défini ce cadre dans les termes suivants : « L’isolement doit être expliqué, consenti et accompagné. » Il s’agissait de s’en remettre au civisme de chacun : pas question d’isoler des personnes testées positives, pas question d’isoler dans les aéroports en attendant les résultats d’un test, alors même que bon nombre de nos partenaires le font, dans des conditions parfois coûteuses pour les intéressés.

Des capacités hôtelières étaient pourtant disponibles pour organiser un isolement efficace, dans un contexte de mise à l’arrêt des déplacements professionnels et du tourisme. La présidente de la région Île-de-France a indiqué à la commission d’enquête avoir proposé la réservation de 7 000 lits, dont le pilotage aurait été confié à l’agence régionale de santé.

C’est bien la volonté qui a fait défaut.

Il peut sembler étrange, un an après le déclenchement de la crise sanitaire, de reprendre ainsi le fil des événements et de revenir sur la stratégie adoptée, alors que nous sommes toujours englués dans cette épidémie. L’objectif de la commission d’enquête était d’examiner le degré de préparation de notre pays face à l’épidémie – il est évident que nous n’étions pas prêts –, mais aussi de définir ce que nous pourrions faire pour être prêts à l’avenir.

Je le répète : ce que nous pourrions faire, en l’absence de vaccins et de traitement, c’est tester, tracer, isoler.

Le faisons-nous pleinement ? La réponse est « non ».

En avons-nous les moyens ? Ce n’est pas certain. Le développement de tests moins contraignants reste à faire et le contact tracing reste à améliorer.

En avons-nous la volonté ? La question mérite d’être posée. Je vous propose de nous interroger collectivement : que ferions-nous demain devant une maladie beaucoup plus contagieuse et beaucoup plus létale pour l’ensemble de la population ?

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