Intervention de Sylvie Robert

Réunion du 10 février 2021 à 15h00
Fonctionnement des universités en temps covid et malaise étudiant — Débat organisé à la demande du groupe écologiste – solidarité et territoires

Photo de Sylvie RobertSylvie Robert :

Il est totalement inconcevable et incompréhensible, dans une période aussi tragique pour les jeunes, qu’une réforme plonge certains d’entre eux plus encore dans la précarité et le désarroi !

Deuxièmement, à plus long terme et de façon plus structurante, nous réitérons notre demande d’ouvrir le bénéfice du revenu de solidarité active (RSA) dès 18 ans, conformément à la proposition de loi déposée par notre groupe, et de mener une consultation approfondie pour la mise en œuvre d’une allocation d’autonomie pour chaque jeune. Que cette crise nous permette au moins de repenser l’émancipation et l’insertion dans la vie active de notre jeunesse !

La rupture psychologique, quant à elle, dérive des deux précédentes ; elle en est même la conséquence directe. Passez-moi l’expression, mais les chiffres font froid dans le dos ! Près de 800 000 étudiants présenteraient un état de souffrance psychique ; 11, 4 % des 70 000 étudiants interrogés par le Centre national de ressources et de résilience (CN2R) ont cultivé des idées suicidaires – et que dire des drames survenus ces derniers mois !

L’isolement pesant depuis près d’un an et l’amoncellement des difficultés, qu’elles soient financières, sociales, académiques ou administratives, finissent vraiment par fragiliser dangereusement la santé mentale des étudiants. Il faut aussi le préciser, l’épidémie actuelle révèle au grand jour les failles de notre système de soins, qui a toujours été plus tourné vers le curatif que le préventif. Or les manques de notre politique de prévention se font aujourd’hui ressentir.

Outre le renforcement des moyens dévolus à la médecine universitaire, notamment les bureaux d’aide psychologique universitaire (BAPU) et le service santé des étudiants (SSE), il convient une nouvelle fois de veiller également à l’opérabilité des mesures déployées.

Le « chèque psy », que mes collègues ont évoqué, est une bonne mesure. Il faut que le dispositif soit simple d’accès pour l’étudiant. Beaucoup de professionnels nous ont alertés sur l’absolue nécessité de ne pas limiter ce chèque à trois consultations, le suivi psychologique d’un étudiant requérant parfois plus de rendez-vous.

De manière analogue, la mise en place progressive des tuteurs, qui est une bonne chose, doit être assouplie et simplifiée. Il est un peu difficile, pour des étudiants dont l’engagement est remarquable, de respecter l’obligation d’effectuer entre dix heures et quinze heures de tutorat tout en poursuivant leur cursus. Nous retrouvons les mêmes insuffisances. Madame la ministre, n’établissez pas de critères trop restrictifs ! N’alourdissez pas les procédures, faites confiance aux universités : laissez-leur plus de souplesse et de latitude pour qu’elles puissent se saisir convenablement des dispositifs.

En conclusion, mes chers collègues, j’aimerais souligner les efforts des étudiants et, plus globalement, de notre jeunesse, en métropole comme en outre-mer. Je pourrais notamment évoquer la formation ; nous aurons l’occasion de reparler de Parcoursup dans les mois qui viennent. À cette jeunesse qui a accepté de mettre sa vie entre parenthèses pour protéger les plus vulnérables, nous sommes profondément redevables. Et nos obligations, notre devoir collectif à son égard iront au-delà de la crise sanitaire. La réparation que nous lui devons s’inscrira dans une durée bien plus longue ; elle devra être à la hauteur de l’abnégation de ces jeunes.

Notre exigence, que j’espère commune, sera de nous souvenir, de permettre une réparation juste, de composer de nouveaux espoirs. Car l’esprit de responsabilité dont ces jeunes font preuve aujourd’hui devra être le nôtre demain !

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