Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je tenais tout d’abord à vous remercier d’avoir organisé ce débat. Je suis très heureuse que la question des étudiants et de leur avenir intéresse la Haute Assemblée en ce début du mois de février 2021.
Pour ma part, j’ai bien pris en compte ces difficultés, et vous le savez : nombre d’entre vous ont pu m’accompagner lors de mes nombreuses visites sur le terrain dès le premier confinement.
Dès le premier confinement en effet, les étudiants comme les enseignants, nous ont alertés, en indiquant que nous devions préparer cette rentrée universitaire. C’est ce que l’ensemble des personnels ont fait durant tout l’été ; je tiens à les en remercier, et je crois que nous pouvons collectivement leur rendre hommage.
À un âge où l’on rêve de tous les possibles, où l’on entre dans l’enseignement supérieur, il est très difficile de se dire que l’avenir se résume finalement à un écran. Il y a un besoin immense de retrouver du lien social, du lien humain, tant pour les étudiants avec leurs camarades et avec leurs professeurs que pour les professeurs eux-mêmes, car il est extrêmement difficile d’enseigner sans le regard interrogateur des étudiants.
Ainsi que je l’ai indiqué, la question a été posée dès la sortie du premier confinement, avec une incertitude, qui ne vous aura pas échappé, sur les conditions sanitaires. Les établissements ont travaillé sur plusieurs scénarios. Ils ont travaillé sur une reprise en présentiel, que nous souhaitions tous ; elle a pu se faire, pour quelques semaines seulement malheureusement, puis elle a été en demi-jauge lorsque les cas de clusters ont commencé à apparaître dans les établissements, mais aussi lorsqu’un certain nombre de responsables politiques ont qualifié la situation dans les facultés de « catastrophique » et ont cru bon d’affirmer que la jeunesse accélérait la transmission du virus.
J’ai toujours défendu le fait que les établissements d’enseignement supérieur n’étaient pas des lieux où l’on se contaminait en suivant les enseignements.
Cela va me permettre de répondre à l’une de vos premières interrogations. Je pense que vous avez tous un jour ou l’autre fréquenté un campus universitaire. Si c’est le cas, vous vous rappelez certainement à quel point la vie sur un campus est différente de la vie dans un lycée.
Certains étudiants, parce qu’ils suivaient un cursus au sein d’un lycée, ont pu continuer à bénéficier de cours en présentiel au moins avec des jauges à 50 % ; c’est déjà ça. Mais la diffusion de photos dans les établissements et des mouvements comme #BalanceTaFac sur les réseaux sociaux ont petit à petit installé l’idée que les facultés étaient des lieux de contamination. Et les spécialistes et auteurs de recommandations ou conseils divers et variés ont estimé qu’il était essentiel de fermer les établissements d’enseignement supérieur. C’était le début du deuxième confinement. Le Gouvernement a refusé ces fermetures.
Certes, il y avait effectivement peu d’étudiants. Mais croyez-moi : ceux qui ont pu continuer à aller dans les bibliothèques universitaires ou à bénéficier des salles de ressources, avec l’accès aux ordinateurs, aux réseaux, étaient contents que les universités ne soient pas entièrement fermées. Partout où il était nécessaire de maintenir des enseignements en présentiel, par exemple dans les disciplines avec des travaux pratiques, ces enseignements ont pu être maintenus.
Si entre 7 % et 8 % seulement des étudiants fréquentaient les établissements, la volonté a été de ne pas fermer ces derniers.
Dès le mois de novembre, nous avons commencé à travailler à des protocoles sanitaires qui devaient être susceptibles de s’adapter à tout, y compris à la remontée du taux de contamination ou à l’apparition de variants. C’est pour cela que c’était long et compliqué. Vous avez été plusieurs à le souligner, il n’y avait rien de pire que d’annoncer, de changer d’avis, puis de recommencer. C’était ce dont les établissements ne voulaient pas.
Avec les établissements, nous avons mis en place des protocoles pour trois étapes dès le début du mois de janvier.
La première étape était de faire revenir les étudiants les plus fragiles. Les enseignants ont constaté combien il était essentiel de faire revenir les étudiants, notamment les étudiants internationaux, ultramarins et ceux qui vivaient extrêmement difficilement le confinement et les cours à distance, par petits groupes et de leur faire rencontrer d’autres étudiants, d’où l’importance et le rôle des tuteurs.
La deuxième étape a été de faire revenir les étudiants inscrits en première année. Comme ceux-ci n’avaient passé que quelques jours ou quelques semaines au sein des écoles et des universités, ils n’avaient pas eu le temps de se faire des camarades. Certains d’entre eux venaient d’autres régions, voire d’autres pays. Le besoin de créer des liens susceptibles d’être ensuite maintenus via les réseaux sociaux s’exprimait majoritairement pour les primo-entrants.
Et la troisième étape était de pouvoir faire revenir tous les étudiants, quel que soit leur niveau, sur les campus. C’est ce à quoi nous sommes arrivés à partir du lundi 8 février.
Tous ces protocoles ont été préparés et coconstruits avec les établissements. Oui, il est difficile de refaire des emplois du temps ! Mais l’immense majorité des membres du personnel et du corps enseignant sont prêts à faire des choses compliquées pour que les étudiants reviennent, car les étudiants sont – et pour moi aussi ! – leur boussole et leur priorité.
Le travail très important mené avec l’ensemble des établissements est rendu plus compliqué encore – c’est important de le souligner – par la multiplicité des envies. Parmi les personnels, certains estiment dangereux de venir travailler et préfèrent rester en télétravail. Parmi les étudiants, certains sont retournés vivre avec leur famille et n’ont pas envie de revenir ; d’autres – ils existent aussi – ont des difficultés à revenir, car ils ont rendu leur appartement ; d’autres encore se trouvent très bien et veulent continuer à étudier à distance. Pouvoir identifier ces différents profils est un défi supplémentaire pour les établissements.
Comme j’ai eu l’occasion de le préciser, le taux de présence aux examens est resté le même qu’au premier semestre de l’année 2019-2020. Cela signifie que le système universitaire et le système des écoles ont tenu, que les enseignants-chercheurs sont allés chercher les étudiants et que les tuteurs ont joué leur rôle. Tout le système s’est mobilisé au service des étudiants.
Certes, tout n’est pas parfait ; tout ne fonctionne pas. Mais je voulais saluer le travail des personnels et des étudiants pour les étudiants.
Cela a été évoqué, et j’y reviendrai, de nombreux étudiants sont en souffrance. Mais il y a aussi des étudiants qui ont dépassé ces souffrances et qui ne demandent qu’à aider, à participer. Il faut les saluer.