Intervention de Fabien Gay

Commission des affaires économiques — Réunion du 10 février 2021 à 9h00
Audition de M. Jean-Bernard Lévy président-directeur général d'edf

Photo de Fabien GayFabien Gay :

Vous le savez, le groupe CRCE est très attaché à l'entreprise publique EDF, pas seulement parce qu'elle a été créée par Marcel Paul, mais pour l'indépendance et la souveraineté de la France, ainsi que la garantie d'avoir accès à l'électricité et de bénéficier d'un tarif réglementé, en France métropolitaine et outre-mer.

En ce qui concerne ce tarif, la CRE vient de proposer aux ministres chargés de l'écologie et des finances une augmentation de 1,6 %, ce qui porte la hausse à près de 12 % en deux ans, et 60 % depuis la libéralisation du marché, qui était censée faire baisser les tarifs - cela n'a pas été le cas. Dans la crise sanitaire et sociale que nous traversons, une telle augmentation vous paraît-elle juste ? Les coupures ou réductions d'électricité ont augmenté de plus de 30 % en 2019. Pouvez-vous nous communiquer les chiffres pour 2020 ? Dans ce contexte, je trouve la campagne lancée par EDF « #MetsTonPull » insoutenable : 10 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique, et beaucoup de gens, qui ne peuvent pas payer leur facture d'électricité à la fin du mois, mettent déjà leur pull !

Par ailleurs, sans être un complotiste, je suis en désaccord complet avec le projet Hercule et soutiens les salariés qui se sont mobilisés. Pourquoi ? Parce que toutes les entreprises publiques ont été démantelées de cette façon, de France Télécom à GDF devenue Engie - et dont on va encore vendre 40 % des activités de services - ; il n'y a pas un seul contre-exemple. En réalité, on ne va pas seulement nationaliser les pertes et privatiser les profits mais, au moment où on a besoin d'investir dans le nucléaire, on va handicaper toute la partie rentable, notamment Enedis.

D'ailleurs, combien va coûter le démantèlement des douze réacteurs nucléaires prévu d'ici à 2035 ? Qui va payer ? Il paraît que la Commission européenne serait prête à aider le groupe : à quelle hauteur ? À l'inverse, la France et les usagers vont-ils devoir payer ?

Pour finir, une autre orientation est possible : renationaliser EDF. Combien coûterait le rachat de 17 % du capital ? La position de la direction d'EDF me paraît un peu schizophrénique, qui consiste à attaquer l'Arenh tout en négociant avec la Commission européenne pour continuer. Il faut mettre fin à ce système aberrant qui a creusé la dette d'EDF et envisager la renationalisation d'EDF.

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