Monsieur le président-directeur général, au regard de ses effets, l'ouverture des marchés de l'électricité, très dogmatique au plan politique, a été un échec. C'est un fait documenté et il faut en tirer les conséquences pratiques aujourd'hui, comme le font avec pragmatisme les Anglais, pourtant chantres de cette libéralisation, en régulant à nouveau les énergies renouvelables comme le nucléaire. L'électricité a le caractère de bien commun et, dans l'intérêt général, on doit financer les investissements à un coût minimum, donc par des emprunts d'État.
À côté du nucléaire et de RTE, la pépite d'EDF, c'est aussi Enedis, qui gère un réseau ayant le caractère d'infrastructure essentielle. Enedis remplit parfaitement ses objectifs de coûts et de qualité de service, tout en s'adaptant au nouveau mix énergétique.
Au moment où tout le monde parle de reconquête de notre souveraineté industrielle, Enedis pourrait passer sous la coupe des Gafam, des États-Unis voire de la Chine, et je ne dis pas cela à la légère. C'est le risque que le Gouvernement prend avec Hercule. Comment pouvez-vous courir ce risque majeur dans un contexte de filiales majoritairement privées, tôt ou tard ? Je rappelle que Gaz de France (GDF) devait aussi rester publique, selon une promesse du Président de la République à l'époque !
Avez-vous pris dans ce projet la mesure des craintes des collectivités locales à propos du devenir de leurs concessions et des réseaux gérés par Enedis dont elles sont propriétaires ? Que deviendra la péréquation tarifaire quand les actionnaires privés d'EDF vert décideront de donner la priorité aux métropoles, parce que ce sera plus profitable pour eux, au détriment des territoires ruraux ? Quand et comment allez-vous associer les collectivités locales et les Français au développement d'EDF, que nous souhaitons intégralement public dans toutes ses composantes ?