Intervention de Olivier Jacquin

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 28 janvier 2021 à 8h30
Examen du rapport d'information sur les mobilités dans les espaces peu denses à l'horizon 2040

Photo de Olivier JacquinOlivier Jacquin, rapporteur :

Les remarques faites lors de la dernière réunion de la délégation ont permis d'enrichir le rapport et de présenter des scénarios. J'attire votre attention sur les compléments qui ont pu être apportés grâce à quelques experts que j'ai sollicités.

Le risque social de mobilités à plusieurs vitesses selon les territoires est élevé. Le manque de moyens y contribue. Les expérimentations dans les territoires peu denses sont intéressantes mais on peut se demander s'il ne s'agit pas d'un palliatif sous perfusion, à défaut de politiques structurelles de mobilités dotées de réels moyens.

J'ai ajouté un élément qui m'a frappé : le prix des carburants est aujourd'hui particulièrement bas en euros constants par rapport aux années 1970 ainsi qu'en ramenant ce prix au pouvoir d'achat des ménages. Mais le prix du carburant reste une donnée sensible car il s'agit là d'une dépense contrainte.

Dans les espaces peu denses, nous devons nous demander quelle approche retenir : faut-il privilégier des solutions partielles pour les 15 à 20 % de la population qui sont des « assignés territoriaux » et qui n'ont pas de moyens de transports et de liberté de mouvement ? Dans le scenario intitulé : « rien de neuf », on imagine en effet que seules les ruptures technologiques apporteront des solutions nouvelles. Aujourd'hui sur un territoire non connecté à Internet, la valeur immobilière est faible. Demain, un territoire non couvert par des livraisons à domicile ou avec une mobilité uniquement en voiture ne connaîtrait-il pas le même risque ?

L'absence de solution de mobilité adaptée constitue encore un obstacle et un frein dans la vie quotidienne qu'il convient d'examiner avec attention. Cela constitue une nécessité sociale et écologique, mais aussi une condition de la cohésion territoriale dans la République.

Enfin, j'ai précisé qu'il fallait organiser les mobilités à la bonne échelle, soit plutôt celle des bassins de mobilité que celle des périmètres administratifs existants. J'ai également insisté sur la nécessité d'inventer des solutions en matière de financement, sans entrer cependant dans le débat sur la gratuité.

En conclusion, je voudrais redire l'importance ne pas opposer les transports individuels aux transports collectifs. Il ne faut pas condamner la voiture, mais envisager de nouvelles modalités pour son utilisation.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion