Cette question est importante mais je voudrais préalablement lever une ambiguïté que j'entends sur cette crise. Pendant la crise de la Covid, nous n'avons pas télétravaillé, nous avons été contraints de travailler à domicile dans des conditions non propices au travail. Il se trouve que la modalité en était le télétravail. Cependant, le télétravail ne consiste pas à travailler chez soi avec ses enfants et à devoir gérer des tâches ménagères. Je me permets de le préciser, car si les modes de travail de demain devaient s'en inspirer, nous ferions fausse route et les craintes que vous exprimez s'avéreraient fondées.
Nous savons que beaucoup de femmes utilisent les tiers lieux, souvent pour ne pas télétravailler chez elles. Les moeurs ont du mal à changer : les femmes travaillent davantage à temps partiel et ont besoin de lieux d'expression pour éviter de subir « la double ou triple peine ». Nous ne disposons pas de chiffres exacts, mais le nombre de femmes investies qui créent des entreprises et des emplois s'avère très important. Je me demande si elles ne sont pas majoritaires parmi les créateurs de tiers lieux. Je connais plusieurs exemples de femmes qui se sont emparées de cette nouvelle forme de travail pour lancer des projets formidables.
Quant au foncier, il fait partie des sujets complexes à aborder pour deux raisons. D'une part, l'arrivée des acteurs économiques fait monter le coût du foncier. D'autre part, les tiers lieux ne permettent pas de gagner beaucoup d'argent. Je ne parle pas de WeWork à Paris qui n'est qu'un business immobilier. Nous devons réfléchir à la capacité de rentabiliser ces lieux sur le long terme. J'avais suggéré la création d'un fonds ANRU-Amundi dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville qui a du mal à se mettre en place. Il faudrait réfléchir, pour ces activités, à la mise à disposition du foncier, à sa valorisation et à son financement. Nous espérons que le gouvernement se saisira du sujet et que le parlement fera des propositions en ce sens.