Les personnes présentes nous offrent quatre exemples très différents : deux chefs d'entreprise avec des méthodes de management, le dernier qui accompagne les entreprises, et un groupement d'entreprises. Je remercie les quatre intervenants pour ces différentes descriptions du management qui est présenté sous un bon jour, avec la conviction et la franchise qui sont la leur. Cependant, je pense qu'il faut aussi entendre les salariés.
Je m'adresse à madame Legault sur le lean management, que vous décrivez comme merveilleux. Je relève cependant beaucoup de critiques à son sujet. Cette méthode a été créée au Japon et fortement utilisée aux Etats-Unis pour remplacer le fordisme. Elle a si bien fonctionné que Toyota a été obligé, au milieu des années 2000, de rappeler des centaines de milliers de voitures qui avaient beaucoup des problèmes en raison du lean management, qui consiste à réduire le gaspillage, à pressuriser les coûts, à éliminer les stocks afin de répondre aux clients de façon instantanée.
Le centre d'études de l'emploi de l'Union européenne a fortement critiqué cette méthode, soulignant des troubles sérieux, sociaux et médico-sociaux induits. Il serait nécessaire d'en débattre. Le lean management n'est pas une nouvelle forme d'organisation du travail. L'élimination des stocks peut comporter des bénéfices mais aussi des risques. Avec des stocks, la coopération entre deux unités de travail est plus forte. Sans stocks, on travaille à flux tendu et on s'aperçoit rapidement de la disparition de la coopération.
J'ai par ailleurs une question sur le groupement d'entreprises. Combien cet outil concerne-t-il de salariés ? Par ailleurs, le Conseil économique, social et environnemental a publié un rapport intéressant en 2018 indiquant que les groupements pouvaient créer des emplois là où il n'y en aurait pas autrement, mais qu'ils devaient demeurer sous forme associative à but non lucratif. Ce rapport ouvrait une question : dans le secteur des TPE-PME, les groupements créent de l'emploi. Cependant, pour les très grandes entreprises, n'y a-t-il pas un risque d'externalisation de certains métiers qui pourraient être internalisés ?