Le secteur du bâtiment est au cœur des enjeux de notre nécessaire transition énergétique puisqu’il est responsable de 19 % des émissions nationales de dioxyde de carbone et de 60 % des tonnes de déchets produits en France. Des mesures fortes et ambitieuses sont aujourd’hui indispensables pour atteindre l’objectif de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030.
Bien sûr, nous devons continuer à construire plus. Je souhaite concentrer mon propos sur l’écoconstruction, encore bien trop marginale alors que ses bénéfices sont multiples – écologiques, locaux… – et qu’elle présente une utilité sociale forte, car elle permet de lutter efficacement contre la précarité énergétique.
Ces habitations, madame la ministre, répondent à l’enjeu majeur de l’aspect écologique du logement, qui consiste à consommer moins pour habiter mieux.
Elles sont construites avec des matériaux biosourcés souvent issus du territoire. Ainsi, à titre d’exemple, les ossatures sont fabriquées avec du bois de nos forêts et les murs avec du béton de chanvre. Ces biomatériaux peu transformés sont sobres en énergie grise. Un mur porteur en briques de terre cuite consomme quatre fois moins d’énergie grise qu’un mur en béton armé.
Certains de ces biomatériaux permettent de stocker des quantités de carbone très importantes : un mètre cube de bois massif mis en œuvre sur chantier stocke 460 kilogrammes de CO2, alors qu’un mètre cube de béton en émet l’équivalent ; le gain carbone est donc de quasiment une tonne de CO2 par mètre cube.
Ces logements passifs procurent un confort thermique inégalable. Leur degré d’hygrométrie et leur inertie permettent de rafraîchir l’air ambiant, et donc de se passer de climatisation.
Par ailleurs, lorsque ces habitations doivent être déconstruites, elles retournent à la terre, d’où elles viennent, en produisant peu de déchets puisque la majeure partie de ces matériaux est biodégradable. Il s’agit donc d’un cercle vertueux.
Madame la ministre, allez-vous lever les obstacles pour créer de véritables filières locales de l’écoconstruction, notamment des filières bois et chanvre ? Allez-vous faciliter la labellisation et la délivrance d’avis techniques pour les matériaux biosourcés ?