Je représente ici l'Institut français des administrateurs (IFA) en tant que président. Notre mission est de promouvoir une gouvernance responsable, créatrice de valeur durable en veillant au bien commun pour toutes formes d'organisations.
Nous sommes l'acteur de référence en en France et l'association qui rassemble le plus grand nombre d'administratrices et d'administrateurs avec près de de 4 000 membres. Quelque 500 personnes s'impliquent dans nos clubs et commissions pour réfléchir à l'évolution de la gouvernance.
L'IFA s'est très tôt engagé sur l'importance de la diversité dans les conseils et pour la parité. Et nous appliquons à notre propre organisation cette exemplarité. Aujourd'hui, 50 % de notre conseil d'administration est féminin.
Vous avez salué dans vos propos la prochaine présidente de Michelin : sachez que Angeles Garcia-Poveda, PDG de Legrand, entreprise également cotée au CAC40, siège à notre conseil d'administration.
Lorsque j'ai été élu il y a deux ans, la première décision que j'ai prise a été de modifier nos statuts pour pouvoir nommer un coprésident et une coprésidente. Ce poste est aujourd'hui occupé par Guylaine Dyevre, secrétaire générale de la BNP. J'ai également pris soin de nommer une femme, Karine Dognin-Sauze, au poste de déléguée générale de l'IFA. Notre Club de nomination et rémunération qui a vocation à réfléchir sur cette question est présidé par une femme et plus de 50 % du bureau est féminin, règle également institué pour nos dix nos clubs et commissions. Au-delà donc de notre mission, l'IFA en tant que tel s'est engagé d'une manière très volontaire dans une représentation égalitaire.
Ainsi donc, nous prenons notre part dans les défis qui ont été lancés, et c'est une satisfaction de constater les progrès obtenus ces dernières années.
Ethics & Boards a été évoqué tout à l'heure, nous publions conjointement, chaque année, le baromètre IFA/Ethics & Boards qui suit l'évolution de la parité au sein des entreprises du CAC40.
Cela a été dit, la loi est faite pour les sociétés visibles et, de fait, elle est moins efficace pour les autres.
Dans ce contexte, nous avons donc lancé deux actions. La première a consisté en la création du Club des Entreprises de taille intermédiaire (ETI), présidé par Fanny Letier, avec pour objectif d'étudier la gouvernance dans ces entreprises et de publier une série de recommandations pour rééquilibrer et améliorer la gouvernance des ETI : une présence plus paritaire d'administrateurs et d'administratrices fait partie de ces recommandations.
Nous proposons également aux entreprises et à leurs dirigeants divers outils d'aide et d'accompagnement, notamment La bourse aux mandats pour faciliter ces évolutions.
Un défi à relever est d'améliorer la représentation des femmes dans les comités spécialisés. Dans ce domaine, la formation des administratrices et des administrateurs est un levier essentiel.
Cette année nous sommes heureux d'annoncer que plus de 1 000 administratrices et administrateurs auront été formés via nos programmes de formation. Je pense notamment à notre partenariat historique avec Sciences Po et, plus récemment, avec HEC, qui porte spécifiquement sur les ETI familiales, et encore celui avec Audencia à Nantes.
Hier, j'étais aux côtés de Cédric O, secrétaire d'État chargé de la transformation numérique et des communications électroniques, pour lancer une série de recommandations concernant la gouvernance dans les start-up et les entreprises innovantes à forte croissance, celles qui feront en partie l'économie de demain
Aujourd'hui, se pose aussi la question d'élargir la loi aux COMEX et CODIR.
Je vais vous répondre cette fois avec ma « casquette » de dirigeant et de président d'entreprise.
J'ai été la première personne à nommer une femme comme présidente d'une institution financière en France, en l'occurrence Cofidis. Dans l'entreprise technologique où j'exerce, la numéro deux est une femme et je vais bientôt recruter une femme pour diriger nos activités en France. Je m'assure donc avec vigilance de l'équité au sein des équipes dirigeantes.
En revanche, je ne vous cacherai qu'instaurer une loi par pourcentage m'inquiète. Je vais vous dire pourquoi. J'ai eu la chance de travailler dans des univers très féminins, dans l'univers de la mode ou dans celui de la petite enfance, en l'occurrence celui des crèches. Dans la mode, près 80 % des employés sont des femmes, et les comités de direction sont entre 60 à 80 % féminins. Dans les crèches, 95 % des employés sont aussi des femmes, par conséquent, les comités de direction ne comptent que des femmes. Si on institue des quotas en pourcentage, le problème à résoudre s'inverse dans ces secteurs.
En tant que dirigeant, je soutiens donc la proposition de l'instauration d'un ratio qui tiendrait compte du contexte et du secteur donné des entreprises.
Si l'on considère les entreprises du CAC40, les plus en avance sur l'application de la parité sont des sociétés de la beauté et du luxe comme LVMH et L'Oréal. Ma recommandation n'est donc pas une loi absolue mais une loi relative, adaptée à la typologie des employés de chaque secteur. Je sais que ce critère est sans doute plus délicat à manier, mais il répondra mieux à la dynamique des entreprises.
Par ailleurs, la question du temps doit être posée. Former une personne pour intégrer un COMEX ou un CODIR prend plusieurs années.
Dans cette période d'adaptation, je suis pour la démarche du « comprendre et expliquer ». Il faut qu'en début d'année, chaque direction générale soit en mesure de dire les actions qu'elle va mener pour avancer sur la question de la diversité.
En résumé, mes deux recommandations portent sur l'instauration d'un ratio qui tient compte de la typologie des employés et d'un temps dédié à la formation des dirigeants.