Intervention de Eric Trappier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 10 mars 2021 à 9h45
Audition de M. Eric Trappier président-directeur général de dassault aviation

Eric Trappier, Président-Directeur général de Dassault Aviation :

C'est bien un sujet qui nous inquiète si nous ne disposons pas des outils de la maîtrise d'oeuvre. Si nous n'arbitrons pas et que nous discutons, les discussions peuvent durer longtemps. Notre ambition consiste à faire voler un avion : elle doit alimenter les compétences des bureaux d'étude et de nos essais en vol. Il est temps de remettre de la technologie et une ambition sur le développement futur, même si nous sommes très satisfaits des résultats du Rafale sur ses évolutions de systèmes.

Ma position ne varie pas sur le projet Tempest. Oui, les Anglais investissent dans les études, mais le Brexit ne fera sans doute pas gagner du budget au Royaume-Uni, qui doit gérer la crise de la Covid et qui continue à acquérir des F-35, à un coût supérieur au Rafale, et ce dans des quantités importantes. Le budget français ne prévoit la livraison d'aucun Rafale alors que le Royaume-Uni doit payer l'acquisition et le soutien des F-35. Les industriels britanniques menacent de devenir américains. Le chiffre d'affaires de BAE vient plutôt des Etats-Unis que de la Grande-Bretagne. Un sujet existentiel existe donc pour BAE Systems. Un programme de défense lui permettrait d'équilibrer ses difficultés. La Grande-Bretagne saura-t-elle faire voler un démonstrateur avec l'Italie ? Je ne sais pas. Ils peuvent l'annoncer, mais je n'en suis pas convaincu puisque le coût est très important. Ils peuvent dire qu'il en va de la souveraineté britannique, mais ils continuent à acquérir des F-35. Ils sont peut-être très mécontents du F-35 et veulent peut-être passer immédiatement à autre chose ? Les forces armées américaines disent cela. Les Etats-Unis développent un super F-15 alors qu'ils ont des F-22 et des F-35. Nos voisins belges soulèvent des doutes sur le F-35. Nous revenons à la problématique entre Etats-Unis et avions européens. Nous sommes engagés pour développer un projet en Europe, mais le projet devra être performant puisque l'export sera important, en tant que facteur d'équilibre de l'économie des industries de défense. Si le projet n'est pas performant, nos forces armées ne seront pas dotées du meilleur matériel du monde et nous ne saurons pas l'exporter. Le modèle français, incarné par le Rafale, constitue une belle réussite opérationnelle et budgétaire et nous arrivons à l'exporter.

Pour le Neuron, nous avions conçu un développement technologique pour développer la furtivité et disposer de drones de combat, et nous disposions d'un modèle de coopération où la France était leader, avec 50 %, et avait désigné Dassault comme leader. Dans le projet SCAF, la France investit 33 %. Si l'égalité doit être parfaite dans chaque programme, elle nie l'efficacité collective de ce que peut faire l'Europe et des redondances surviendront. Il me semble que ce modèle n'est pas pertinent.

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