Monsieur le Président, au nom du groupe Union centriste, je vous présente toutes nos condoléances pour la tragique disparition d'Olivier Dassault.
Vous avez déclaré aux médias que vous aviez un plan B en cas d'abandon du projet d'avion de combat du futur. L'histoire est un éternel recommencement. En 1985, après des années de discussion avec nos partenaires allemands, britanniques, espagnols et italiens, la France se retirait du projet d'avion européen et lançait seule le Rafale, avion polyvalent avec une version marine. La vision de Marcel Dassault s'imposait. Mon entreprise d'électronique travaillait alors pour les avions Marcel Dassault : au moment de me confier le dessin du circuit imprimé de 32 couches pour interconnecter les commandes de vol du tout premier Rafale, le directeur du bureau d'études m'a dit que nous avions deux semaines et que nous n'avions pas droit à une seule erreur. Il ne m'a pas demandé alors combien il allait coûter. Le Rafale a été construit en moins d'un an et demi, avec neuf mois d'avance sur le calendrier prévisionnel. Il fait la fierté de notre pays et l'admiration de ceux qui le voient passer. L'Eurofighter Typhoon ne remplit toujours pas la totalité de son cahier des charges initial. Son développement a coûté beaucoup plus cher et il a coûté 50 % de plus au Trésor britannique que notre Rafale.
L'arrivée de l'Espagne dans le projet SCAF répartit désormais l'avion de combat en tiers entre Airbus Allemagne, Airbus Espagne et Dassault, ce qui change tout à fait la donne. Pensez-vous réaliste qu'Airbus, constructeur aéronautique civil, puisse se substituer à ce qui fait le coeur de l'expertise de Dassault, pour développer les commandes de vol du NGF, comme semblent le réclamer les Allemands ? Est-ce que ce travail en coopération ne coûtera pas finalement plus cher ?
Aux détracteurs qui avaient dit à Marcel Dassault que le Rafale n'était pas européen, il avait répondu qu'il serait mondial. L'avenir lui a donné raison. Dassault Aviation est-il en capacité de construire un NGF français ? Quelle est la ligne jaune qui pourrait vous amener à demander au Président de la République de substituer un plan B au plan A, comme l'a fait Marcel Dassault à François Mitterrand en 1984 ? Je ne vous demande pas combien il coûterait, car la France ne serait plus la France si elle n'était plus en mesure de trouver les moyens de le financer.