Intervention de Eric Trappier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 10 mars 2021 à 9h45
Audition de M. Eric Trappier président-directeur général de dassault aviation

Eric Trappier, Président-Directeur général de Dassault Aviation :

Je vous remercie pour ce témoignage de l'histoire. Il faut toujours savoir d'où on vient et regarder le futur. Quand on a pris le pari d'aller avec Airbus, à la demande du Président de la République, je me suis adressé à Serge qui m'a dit deux choses : « Est-ce que ce sera bon pour Dassault ? Est-ce que ce sera bon pour la France ? ». Je défendrai toujours les intérêts de ma société, mais aussi des Français et de la France, incarnés par le Président de la République et le Parlement. A partir du moment où on me fixe une nouvelle mission, visant à construire l'Europe de la défense, j'ai accepté, avec certaines conditions. Je dois disposer d'outils, des capacités et des manoeuvres pour mener à bien le projet, avec des partenaires.

Dans le cadre de l'expérience Neuron, nous avons volé très rapidement. Je ne peux pas vous parler des performances, puisqu'elles sont Secret Défense, mais elles sont meilleures que les spécifications et le budget a été respecté. Pour rappel, pour 450 millions d'euros, dont la moitié est payée par la France, nous avons réussi à faire voler un drone de la taille d'un Mirage 2000, ultra furtif dans des conditions assez rapides et à six pays. Nous sommes prêts à emmener une équipe. Après six mois et des concessions, nous nous sommes réveillés en début d'année et avons constaté que les équilibres sont aujourd'hui rompus. Si nous n'avons pas les outils et les manettes pour piloter, nous ferons un Eurofighter. Ce sera un crève-coeur, mais je ne pourrai pas refuser la demande du pouvoir politique. Je ne prendrai toutefois pas la responsabilité. Je m'interroge même sur les compromis acceptés fin 2020. J'ai un doute vis-à-vis de la capacité à tenir des engagements pris dans l'enthousiasme de la fin d'année 2020.

Mon plan B ne consiste pas forcément à faire tout seul, mais à trouver une méthode de gouvernance qui permette d'emmener des Européens, mais pas selon les règles fixées aujourd'hui, car cela ne fonctionnera pas.

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