Intervention de Dominique Senequier

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 17 février 2021 à 9h30
Travaux du comité de suivi veolia-suez — Audition en commun avec la commission des affaires économiques de Mme Dominique Senequier présidente d'ardian

Dominique Senequier, présidente d'Ardian :

Ce n'est pas tout à fait un feu vert que l'on a reçu en septembre, mais plutôt un message selon lequel il était bienvenu de réfléchir avec Suez à une offre alternative. La situation est parfois fermée, mais dans ce cas il nous a été indiqué qu'elle était encore ouverte.

Quel est l'intérêt de notre solution ? La différence entre Veolia et Ardian réside dans le fait que nous sommes franco-français, alors que Veolia est détenue à 75 % par des fonds étrangers. C'est une grande différence, et il en existe d'autres, sur lesquelles je reviendrai plus tard.

Nous sommes des investisseurs de très long terme. Mathias Burghardt a expliqué que nos fonds ont une durée de quinze ans, ce qui est très important, en comparaison avec des rotations tous les six mois des actionnaires de sociétés cotées en bourse. On ne peut dire que les sociétés de gestion comme les nôtres sont des investisseurs de court terme : c'est même exactement l'inverse. Nous sommes des investisseurs de long terme, avec la même gouvernance que des sociétés cotées en bourse. La seule différence réside dans le fait que l'horizon d'investissement est beaucoup plus long. Nous ne sommes en outre pas soumis à la dictature des résultats trimestriels.

Veolia appartient à 75 % à des sociétés étrangères. Cela revient à faire passer Suez sous contrôle étranger privé. Notre capital est quant à lui en majorité français. Même si Suez serait, grâce à l'achat de Veolia, une entité française au niveau de sa structure juridique, son actionnariat serait étranger.

Nous réalisons aussi des investissements de long terme, à 25 ans. Meridiam n'en a pas la primeur. Il n'a pas le monopole de l'investissement à 25 ans, pour reprendre une phrase célèbre. M. Burghardt vous a expliqué que certaines autoroutes ont été placées dans un fonds de continuation. C'est toujours Ardian qui le gère, mais avec de nouveaux actionnaires, le groupe AXA et un fonds de pension ayant acheté des actifs qui sont toujours gérés par Ardian. La durée de détention doit avoisiner vingt ans. Nous pourrons vous donner des chiffres très précis si vous le souhaitez.

Que s'est-il passé en septembre ? Suez est une entreprise d'une certaine taille. En capitalisation, elle est très proche de Veolia. On parle de deux sociétés, dont l'une vaut en bourse 13 milliards d'euros et l'autre 11 milliards d'euros. Ce sont des égaux en termes de taille. Je dirais même que la marge bénéficiaire de Suez est supérieure à celle de Veolia.

Nous avons compris, le 4 octobre 2020 au soir, qu'Engie était pressée de vendre, et qu'elle considérait effectivement qu'une lettre d'intention d'Ardian constituait un acte inamical et serait considéré comme telle par le conseil d'administration. Il ne serait pas sérieux de faire une due diligence en quelques jours, nous avons donc demandé un délai supplémentaire de six semaines. Devant le refus d'Engie d'accepter les délais, pourtant également demandés par le ministère de l'économie, nous avons renoncé au dépôt d'une lettre d'offre.

S'agissant des périmètres, il nous faut rester modestes. Veolia détient aujourd'hui 29,9 % de Suez. C'est donc à eux de définir un périmètre d'activité. Ce périmètre doit être viable et très substantiel. Ce n'est en aucun cas au groupe Ardian de le définir. Nous ne sommes actionnaires ni de l'un ni de l'autre. Suivant les résultats, les acheteurs du nouveau Suez peuvent être différents de tout ce que l'on a envisagé. On ne peut donc être plus précis aujourd'hui, puisque cela résultera de l'accord entre les deux groupes.

Quant aux rendements en infrastructure, de l'ordre de 8 %, ceux-ci n'ont rien à voir avec les rendements que demandent nos investisseurs dans d'autres catégories d'investissement. Comme vous le savez, les taux longs sont négatifs, comme le taux à 30 ans de la Bundesbank. Le taux français est à 0,40 %. Beaucoup d'investisseurs institutionnels dans le monde cherchent à rehausser les rendements globaux des actifs en investissant dans le non-coté, les infrastructures, l'immobilier, de façon à ce que le rendement global de leur portefeuille soit rehaussé. L'infrastructure représente 10 à 15 % de leurs portefeuilles, ces investissements non-cotés représentant toujours une partie mineure des investissements globaux. Les actifs des assureurs en France ne se composent qu'à 2 % d'actifs dits non-cotés ou d'infrastructures.

La bourse américaine, depuis le 1er janvier, a grimpé de 4,76 %. Si on annualise le rendement sur l'année, c'est bien supérieur aux 8 % dont je viens de parler. Tout est donc relatif : un taux de 8 % est un taux tout à fait correct. On dit que les bourses, sur le très long terme, font entre 400 et 500 points de base au-dessus du Libor. Le chiffre de 8 % représente des actifs un peu plus à risque, qui méritent donc une petite prime de rendement, sans que ceci soit mauvais pour l'entreprise.

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