Intervention de Thierry Déau

Commission des affaires économiques — Réunion du 17 février 2021 à 8h30
Travaux du comité de suivi veolia-suez — Audition en commun avec la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable de M. Thierry Déau président-directeur général de meridiam

Thierry Déau, président directeur général de Meridiam :

Je répondrai tout d'abord à votre question sur Meridiam et son statut d'entreprise à mission. Dès 2007, nous avons établi une raison d'être qui reste la même aujourd'hui. Elle est la suivante : « Avec l'ensemble de nos parties prenantes notamment nos investisseurs et nos partenaires publics et privés, nous développons, construisons, modernisons et exploitons de manière durable des infrastructures et des actifs essentiels qui contribuent à améliorer la qualité de vie des populations ». Le statut d'entreprise à mission nous oblige à faire preuve de transparence dans les engagements que nous prenons et à veiller à la manière dont nous les mettons en oeuvre pour chacun de nos actifs et chacune des sociétés.

Cette responsabilité s'inscrit jusque dans les objectifs des investisseurs de Meridiam qui doivent atteindre des objectifs non financiers au même niveau d'importance que les objectifs financiers. Nos ambitions et plans d'action se déclinent autour d'objectifs de développement durable tels que définis par les Nations unies sur les infrastructures, notamment autour des piliers que sont le climat, l'égalité homme-femme et l'inclusion dans le monde du travail. Ces objectifs se déclinent ensuite en indicateurs pour chacun de nos actifs et chacun de nos projets. Ils sont suivis annuellement, publiés et revus par un comité de mission, composé de membres indépendants. Ils sont également audités par des organismes accrédités.

Lors des discussions que nous avons eues avec les membres des CSE du groupe Suez, nous leur avons proposé d'engager une démarche collective afin de transformer la nouvelle entité Suez Eau France en société à mission, car il nous semble que le métier de l'eau se prête bien à ce statut. Au-delà d'une raison d'être, une société à mission, c'est une mesure et un engagement à atteindre les objectifs fixés par la mobilisation des moyens nécessaires.

Concernant les activités de recherche, le périmètre que nous souhaitons reprendre inclut la totalité des centres de recherche, ceux que j'ai listés et d'autres de taille plus modeste. La Direction générale de la concurrence de la Commission européenne (DG Concurrence), en charge du dossier, aura comme nous le souci que l'entité résultant de cette fusion bénéficie de tous les moyens nécessaires (recherche-développement, innovation, brevets, etc.) pour être un concurrent indépendant et autonome en mesure de rivaliser avec Veolia. De ce point de vue, je pense que nous sommes parfaitement alignés avec l'autorité de la concurrence, même si elle demeure souveraine dans l'analyse de ce périmètre.

Nos discussions avec Veolia datent de l'annonce par Engie de sa volonté de vendre sa participation dans Suez, et non avant. Nous nous sommes proposés car nous pensons que la gestion de sociétés spécialisées dans le secteur de l'eau par des fonds classiques de private equity ayant un horizon de 3-5 ans n'est pas compatible avec l'idée de service public, car l'eau est un service essentiel qui nécessite des investissements. Je ne pense pas qu'une pression boursière trimestrielle sur des activités comme celles de l'eau soit une bonne chose, mais c'est un autre débat.

Nous avons donc proposé une solution de long terme et la pérennisation de ce champion de l'eau. Cette solution lui permettra, non seulement de survivre, mais de se développer en réinvestissant massivement en France alors que les derniers arbitrages d'investissement n'ont pas toujours été en faveur de la France. Ces investissements sont pourtant essentiels dans un marché complexe marqué par une demande forte de transparence de la part des collectivités, qui explique aussi ce mouvement de municipalisation. Nous sommes conscients de la rupture qui s'est produite et de ce lien qu'il faut retisser. Est-ce que la délégation de service public (DSP) est la solution à tout ? Je ne le crois pas. Nous gérons le port de Calais en étant actionnaire à 40 % aux côtés d'acteurs publics sous le régime d'une société d'économie mixte à opération unique (SEMOP), ce qui n'entrave pas notre efficacité et notre capacité à trouver les bons moyens d'investissement. C'est aussi le moyen de garantir la transparence de la gouvernance et un alignement d'intérêts de très long terme avec le public. C'est ainsi que nous pouvons délivrer un service de qualité.

Notre engagement avec Veolia ne porte que sur cette opération. Ce sont des engagements réciproques écrits. Sous réserve d'obtenir les accords nécessaires de la DG Concurrence, nous reprendrions le périmètre et tous les outils techniques d'innovation nécessaires pour rester indépendant et concurrentiel. Nos engagements avec Veolia ne limiteront en aucune façon la concurrence que nous ferons à Veolia le jour venu.

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