La relation des banques avec leurs clients, qu'ils soient particuliers ou entreprises, relève presque de l'intérêt général, puisqu'ils ne peuvent avancer dans la vie sans compte bancaire.
Pousser jusqu'au bout la numérisation ne répond pas complètement à cette mission d'intérêt général, parce qu'à certains moments, il faut se parler. Cette numérisation a été incroyable : qui aurait pu imaginer, il y a vingt ans, avoir dans sa poche un central bancaire décentralisé ? C'est impressionnant. Pour autant, la numérisation galopante n'a pas vraiment enlevé le lien physique que les particuliers ou les entreprises peuvent avoir avec leur banquier. Selon un sondage Ifop, plus une entreprise grandit, plus elle a des relations qualitatives avec son banquier. À l'inverse, plus l'entreprise est petite, plus la relation est perfectible. Cela vient des deux côtés : peu d'entrepreneurs savent organiser la relation avec leur banquier et mettre en place une sorte de rituel pour inviter régulièrement son banquier et lui présenter son entreprise et son avenir. Faire le point, ce n'est pas très compliqué et malheureusement peu de chefs d'entreprise sont sensibilisés à cela. De l'autre côté, certains banquiers ne savent pas se tourner vers leurs clients.
Toutefois, depuis mars 2020, nous avons collectivement - avec la FBF et la Banque de France - réussi quelque chose d'incroyable ; sans mouvement volontaire dynamique des banquiers en direction de leurs clients, cela aurait pu mal se passer, car une énorme inquiétude montait dans les entreprises. Finalement, tout s'est passé paisiblement. Là où cela a été plus tendu, la médiation du crédit a bien travaillé.
Les mesures qui maintiennent aujourd'hui les acteurs économiques en suspension vont progressivement être débranchées, et la relation client-banque risque de se tendre. Nous allons donc avoir besoin de beaucoup de bienveillance de la part de nos banquiers. Un sondage réalisé à la mi-janvier auprès de nos adhérents a montré que 220 000 entreprises avaient activé leur PGE, mais que 80 000 à 100 000 d'entre elles commençaient à avoir des doutes sur leur capacité de remboursement de ce « mur de dettes ». Cela n'est pas surprenant, car la sinistralité a été particulièrement basse en 2020 et elle va bien évidemment augmenter en 2021. Nous avons besoin que l'on élargisse la palette des mesures de soutien pour permettre à ces entreprises viables de rebondir.
Il faut aussi s'occuper de l'entrepreneur lui-même. Nous avons fait une série de onze propositions, parmi lesquelles la non-automaticité de l'inscription au fichier des incidents de paiement en cas de défaillance - notamment lorsqu'il n'y a pas eu de faute de gestion -, le droit des cautions ou encore l'intégration de la dette sociale - qui est aujourd'hui considérée comme une dette personnelle du dirigeant - dans la procédure de défaut de paiement.
Globalement, la présence physique bancaire se maintient et les banquiers continuent de se déplacer, certes sur des territoires plus grands. Nous sommes très sensibles à la stabilité de la relation humaine et le turn over des chargés de clientèle n'est pas très apprécié.
Le taux auquel les entreprises françaises empruntent est très compétitif en Europe, mais l'on constate des hausses de tarification de la gestion de compte dans certaines banques. Cette tarification manque souvent de transparence.