Intervention de Maya Atig

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 3 mars 2021 à 9h00
Évolution du modèle bancaire et avenir de la banque universelle — Audition de Mme Maya Atig directrice générale de la fédération bancaire française fbf Mm. Denis Beau premier sous-gouverneur de la banque de france paul de leusse directeur général d'orange bank et alexandre prot cofondateur et président-directeur général de qonto

Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF) :

Je suis ravie de retrouver un adhérent de la FBF, Orange Bank : c'est une de nos particularités, la fédération ne représente pas que les banques traditionnelles, même si le marché français comprend six très grands groupes bancaires, qui comptent parmi les premiers mondiaux. Étant par ailleurs directrice générale de l'Association française des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (AFECEI), je suis fière que le secteur financier fasse l'objet d'une unité de représentation par-delà les modèles économiques des entreprises. C'est une chance pour les Français, qui ont accès à une gamme étendue de services.

Je voudrais commencer mon propos en revenant sur les innovations du secteur bancaire. Les services bancaires relèvent de canaux très différents, avec des outils variés et en évolution. Comme l'a montré notre dernier sondage réalisé par l'Institut français d'opinion publique (IFOP), 85 % des Français considèrent que les banques intègrent de plus en plus de nouvelles technologies. Pour 81 % d'entre eux, les Français estiment que cela va dans le bon sens, ce qui signifie que 19 % de nos concitoyens restent attachés aux techniques traditionnelles. Il faut donc répondre à leurs attentes.

La question soulevée par Denis Beau d'une évolution possible vers des acteurs universels proposant l'ensemble des services, et, en parallèle, des acteurs spécialisés les grignotant sur différents segments, se pose dans tous les pays européens. Face à cette situation, l'approche prise par les banques françaises est plutôt positive : loin d'être perturbées, elles évoluent sur un large panel de services. Pour cela, il est important de mesurer dans le temps comment ces services évoluent. Je prendrais un exemple : les solutions de portefeuille électronique - ou « e-wallet » -, qui étaient initialement développées par des entités en dehors du système bancaire, sont aujourd'hui développées par certaines banques françaises. Or, il est intéressant de voir que seulement 50 % des Français affirment avoir confiance dans de tels outils. Il faut donc faire en sorte que les systèmes institutionnels donnent confiance pour développer ces innovations et ainsi éviter la coexistence de deux mondes distincts. Il en va de même pour les robots conseillant les personnes, qui ne recueilleraient la confiance que de 35 % des Français aujourd'hui. Cela ne veut pas dire que les banques traditionnelles ne doivent pas le proposer, mais elles doivent le développer dans les conditions adéquates.

Comme le président de la FBF, Philippe Brassac, a eu l'occasion de vous l'indiquer il y a deux semaines, l'enjeu central est de définir le modèle de financement que l'on souhaite promouvoir. Laissez-moi vous présenter quelques chiffres : le financement des entreprises s'élève à 1 200 milliards d'euros quand le financement participatif correspond à quelques centaines de millions d'euros. Ce type de financement répond certes à des besoins et génère des idées, mais selon une ampleur nettement plus restreinte. Il faut donc savoir si l'on souhaite, sur l'économie traditionnelle très cantonnée, multiplier les règles et contraindre la rentabilité de ces services - ce qui conduira nécessairement à fermer davantage d'agences qu'aujourd'hui - ou si l'on privilégie un équilibre entre activités, ce qui justifie de définir des règles comparables à activités comparables.

Cet enjeu de régulation s'exprime d'autant plus fortement que les règles prudentielles définies à l'occasion de la finalisation des accords de Bâle III, qui diffèrent sensiblement du modèle européen, vont bientôt s'appliquer. Il est essentiel que la transposition au sein de l'Union européenne prenne en compte les spécificités du financement européen.

Je conclurai mon propos en soulignant que toutes les banques françaises vont continuer à innover au bénéfice de leurs clients, avec une attention cruciale à la sécurité. C'est bien la boucle vertueuse sécurité, confiance et innovation, qui permettra de développer de nouvelles entreprises.

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