Intervention de Alexandre Prot

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 3 mars 2021 à 9h00
Évolution du modèle bancaire et avenir de la banque universelle — Audition de Mme Maya Atig directrice générale de la fédération bancaire française fbf Mm. Denis Beau premier sous-gouverneur de la banque de france paul de leusse directeur général d'orange bank et alexandre prot cofondateur et président-directeur général de qonto

Alexandre Prot :

Sur le sujet des territoires et de la localisation des services nous n'avons pas la prétention de dire que nous allons régler tous les problèmes. En revanche, il y a un problème que l'on contribue à régler, c'est la question de la gestion financière des petites entreprises. Celles-ci y consacrent souvent beaucoup de temps et peut-être pas assez à développer leurs produits, leurs services et être au contact de leurs clients. Ce que nous apportons à ces petites entreprises c'est un service fluide, rapide, à un tarif simple et transparent, un service 100 % en ligne car c'est ce qui fonctionne le mieux aujourd'hui et d'autant plus dans un contexte de pandémie durant lequel les personnes ont été confinées chez elles pendant de longs mois au cours des derniers trimestres. Il y a un an j'aurais déjà eu le même discours mais l'importance de proposer un service en ligne est encore plus vraie aujourd'hui. Il apparaît évident qu'un service à distance a tout son sens, y compris, évidemment, pour des services financiers. Il est important de préciser le point suivant.

Nos 120 000 clients sont localisés dans quatre pays européens, en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Une très large majorité se situe en France, où nous servons des clients dans l'ensemble des régions, y compris évidemment dans les outre-mer ainsi que dans toutes les villes ou villages. Il n'est pas nécessaire d'avoir une agence bancaire au coin de la rue pour détenir un compte chez Qonto. Aussi, l'autre manière de voir les choses est de considérer que nous, nous sommes « à portée de clic » pour n'importe quelle personne qui dispose d'un smartphone ou d'un ordinateur.

Évidemment cela pose la question de l'accès à internet. Une question a notamment été posée sur le développement de la fibre et sur la problématique des déserts numériques. Je pense que c'est un sujet un peu différent. En ce qui nous concerne, il suffit de disposer d'un smartphone ou d'un ordinateur pour ouvrir un compte pour son entreprise et se lancer.

Nous fluidifions beaucoup l'accès ainsi que les conditions d'utilisation des services de paiement pour les entrepreneurs. Il se trouve d'ailleurs que nombreux sont ceux, parmi nos clients, qui n'ont pas pu ouvrir de compte dans une banque traditionnelle. Parmi nos clients, nous avons aussi des primo entrepreneurs, ou des entrepreneurs qui ont créé une nouvelle activité après avoir dirigé des entreprises qui n'avaient pas nécessairement bien fonctionné dans le passé. Pour ces entrepreneurs il n'est pas forcément évident d'ouvrir des comptes. Aussi, ils le font chez nous et sont très content de pouvoir le faire. Nous contribuons à aider et à fluidifier l'accès à des services de paiement pour de nombreuses entreprises et de nombreux entrepreneurs, justement car nos services ne nécessitent pas de se déplacer physiquement dans une agence qui a des horaires d'ouverture précis et suppose certaines contraintes. J'ai plutôt envie de voir le verre à moitié plein et de considérer que l'on intervient en complément d'autres offres, d'autres canaux déjà existants et, évidemment, notre activité répond à un vrai besoin.

Une deuxième question portait sur le fait que nous ne sommes pas encore rentables. Nous avons des coûts, des coûts de développement, des coûts liés à nos 300 personnes en contrat à durée indéterminée, des coûts de marketing et de développement de notre notoriété parce que nous ne sommes pas encore très connus du grand public et des entreprises en France et en Europe qui constituent notre marché potentiel. Cela nécessite de faire de la publicité, en ligne, à la radio et - bientôt - à la télévision. Tout cela nécessite des investissements.

Par ailleurs, comme pour toutes les entreprises innovantes, notre modèle économique consiste à lever des fonds, à les investir et à espérer que nous devenions rentables après quelques années. Nous nous sommes lancés il y a quatre ans et je compte bien que dans les prochaines années nous devenions rentables. C'est le modèle du capital risque : les investisseurs qui ont investi chez Qonto font le pari, comme nous, que, d'ici quelques années, nous serons rentables. Ce modèle est commun à de nombreux secteurs. Le fondateur français de Moderna le rappelle souvent : des investisseurs, notamment américains, ont investi un milliard de dollars avant qu'un jour, la société Moderna devienne rentable et s'apprête, grâce au vaccin à ARN messager qu'elle a développé, à faire d'importants profits dans le cadre de la crise sanitaire actuelle. Dans un autre secteur, notre expérience est similaire. Nous avons levé des fonds et espérons devenir rentables.

Sur le troisième sujet relatif à la sécurité des données de nos clients, évidemment nous respectons toutes les réglementations françaises et européennes ainsi que toutes les préconisations de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) puisque nous sommes basés en France. Je pense qu'il est important de mentionner que nos investisseurs, que ce soit Tencent, qui est très minoritaire, ou tous nos autres investisseurs, n'ont évidemment accès à aucune de nos données clients. Ils sont destinataires d'une déclaration mensuelle leur permettant de connaître le nombre de nos clients, notre chiffre d'affaires et notre avancée dans nos plans de développement, mais ils n'ont évidemment accès à aucune donnée de nos clients.

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