Intervention de Denis Beau

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 3 mars 2021 à 9h00
Évolution du modèle bancaire et avenir de la banque universelle — Audition de Mme Maya Atig directrice générale de la fédération bancaire française fbf Mm. Denis Beau premier sous-gouverneur de la banque de france paul de leusse directeur général d'orange bank et alexandre prot cofondateur et président-directeur général de qonto

Denis Beau, président désigné de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution :

Sur la comparaison des rentabilités entre l'Europe et les États-Unis, il existe des différences significatives qui expliquent les écarts, comme la différence d'intégration du marché aux États-Unis et en Europe. D'autres facteurs d'explication tiennent au modèle d'activité et au modèle de revenu. Les acteurs américains sont par ailleurs mieux protégés contre l'environnement de taux bas. Il existe également un facteur, plus conjoncturel, lié aux fluctuations économiques, qui ne sont pas les mêmes et affectent le potentiel de croissance, qui est plus fort aux États-Unis. Enfin, on constate que les coûts d'exploitation des acteurs bancaires sont moins élevés aux États-Unis qu'en Europe. Cela peut également résulter des stratégies de présence territoriale différentes.

En écho à ce que disait Maya Atig, sur le modèle de financement, je souligne également que nous sommes confrontés à une évolution qui nous éloigne du modèle de financement que nous avons connu il y a encore peu de temps, dans lequel l'Europe est dominée par le financement bancaire, à hauteur de 80 %, tandis que les États-Unis privilégient le recours au marché. La réalité est sensiblement différente. L'Europe n'a pas rejoint le modèle américain, loin de là, mais la part des acteurs non-bancaires augmente, avec différents types d'acteurs. Du point de vue du superviseur, cette diversification comprend un certain nombre de mérites.

L'enjeu aujourd'hui est aussi lié aux leçons tirées de la crise de 2008. La gestion du risque de liquidité des acteurs non-bancaires, notamment, est un sujet de préoccupation de notre part.

Sur l'avenir de la banque universelle, lorsqu'on regarde les modèles d'affaires des grandes banques européennes, elles ne sont pas les plus nombreuses mais restent de loin les plus importantes en termes d'actifs et de résultats. Elles interviennent dans un environnement plus concurrentiel qu'il y a dix ans.

Enfin, s'agissant de la compétitivité des places financières, il faut signaler le rôle de l'écosystème et d'une multitude de facteurs. À ce stade, la place de Paris fait partie des acteurs de la zone euro importants vers laquelle des actifs significatifs ont été relocalisés à l'issue du Brexit. On s'oriente vers un système financier multipolaire au sein de la zone euro. Cette diversification est encore un élément de solidité pour l'avenir.

Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo qui est disponible en ligne sur le site du Sénat.

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